Algérie

«Ce système n'est plus capable de gérer les affaires du pays»




«Le changement pacifique sera le résultat des efforts conjugués de toutes les forces politiques et des compétences populaires. Cette dynamique sociale définira, une fois aboutie, la nature et l’étendue du changement. Ce n’est pas une affaire d’entente entre un nombre restreint de personnes. Tout le monde est concerné, pas d’exclusion», a-t-il expliqué hier lors d’une conférence de presse au siège du FFS, à Alger. La revendication du changement de régime n’est, selon lui, dirigée contre personne, parti, institution ou génération précise. «Ce n’est pas non plus une opposition à ceux qui assument les responsabilités du pouvoir ou un règlement de comptes personnel avec quiconque », a-t-il précisé, plaidant pour «une analyse critique et objective» de la marche de l’Algérie depuis l’indépendance.  «Il y a un sentiment général sur la volonté de changer le régime. Cela existe même chez ceux qui sont au pouvoir. Mais les avis sont divergents sur la nature de ce changement», a-t-il analysé.  Evoquer «la chute» du régime est, selon lui, contre-productif. «Car elle ne permet pas une période de construction. Il ne s’agit pas  du départ d’une personne ou d’une institution. Au début des années 1990, des voix s’étaient élevées pour exiger la démission de Chadli. Chadli est parti et le régime est resté. Certains appellent au changement du régime avec le même esprit de ceux qui sont au pouvoir», a-t-il argué.
Aussi, Mehri ne demandera pas à Bouteflika de partir. Il est plutôt attaché à une philosophie de changement graduel. La lettre qui l’a adressée au chef de l’Etat, «par égard dû à la fonction», à la mi-févier dernier est porteuse d’une méthodologie pour fédérer les initiatives politiques. Et là, tout le monde doit s’y mettre : économistes, personnalités politiques, historiens, journalistes, jeunes… «Chacun doit faire des propositions. A cet effet, des groupes doivent se constituer partout. Il faut créer des débats. Ceux qui gardent le silence doivent parler. On doit écouter tous les avis et ouvrir un débat national et démocratique sur la forme de changement que le peuple acceptera», a-t-il préconisé. Il est, selon lui, important d’écouter l’opinion des catégories sociales marginalisées en ce sens que la société doit se réapproprier le droit de réagir aux affaires liées à l’intérêt public, comme la lutte contre la corruption. La démarche de changement  défendue par Mehri s’appuie donc sur la société, les partis et les personnalités ainsi que  le pouvoir. Le président de la République est donc une partie dans cette dynamique. «Mais il ne représente pas cette partie qui fait ou qui dicte le changement», a-t-il appuyé. Il a expliqué que le rôle des services du renseignement (DRS) sera défini, à la faveur de ce changement, à travers une vision collective. «Je refuse d’entrer dans la logique du système actuel et préfère parler de lui en tant qu’ensemble. Ce système n’est, à mon avis, plus capable de gérer les affaires du pays. Depuis l’indépendance, le régime n’a pas tenu compte des textes. Il y a les textes et il y a la pratique. Celle-ci est parfois est plus importante», a-t-il noté. Il a cité l’exemple du refus des autorités d’agréer de nouveaux partis depuis 1999 (arrivée de Bouteflika au pouvoir). Décision qualifiée d’illégale et d’anticonstitutionnelle. «C’est la preuve que le régime peut violer la Constitution sans avoir à en rendre des comptes», a-t-il relevé, évoquant, dans la foulée, l’échec de la stratégie économique du pays qui n’est assumée par personne. Dans la missive adressée au chef de l’Etat, Abdelhamid Mehri a proposé des actions pour lancer les réformes devant aboutir au changement du régime. Il s’agit, d’abord, de supprimer les obstacles qui entravent la liberté d’expression, ensuite, de multiplier les initiatives populaires soutenant la demande de changement pacifique et, enfin, d’organiser une concertation large avec les forces politiques pour préparer un congrès national général. Ce congrès ouvert devra définir la feuille de route du changement politique dans le pays. «Cela doit être traité avec la plus grande franchise, transparence et profondeur loin des surenchères verbales et de toute complaisance ou suivisme», a-t-il dit.                             


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