Avec la mort de
Kadhafi et la traque en cours de Seif Al Islam, une
page est sur le point de tourner en Libye. Désormais la realpolitik reprend ses
droits. Avec des questions sur la manière dont les futures autorités libyennes
vont gérer le domaine minier pétrolier et gazier du pays.
Les groupes
pétroliers déjà implantés en Libye n'attendent pas et s'empressent de reprendre
leurs activités. Après l'italien ENI, qui a signé un accord dans ce sens avec
le Conseil National de Transition au mois d'août dernier, c'est au tour de
l'espagnol Repsol de se rapprocher des nouvelles
autorités du pays pour préparer un retour à la normale des activités. A l'heure
où les convoitises se manifestent de nouveau et ouvertement au sujet des
hydrocarbures libyens, des questions se posent sur le sort réservé aux
investissements de Sonatrach en Libye. Sonatrach, c'est-à-dire l'Algérie, devra négocier désormais
avec le CNT pour maintenir sa présence sur le sol libyen. Le CNT avait menacé
de revoir tous les contrats signés du temps de Kadhafi car ces contrats étaient
l'Å“uvre «de quatre ou cinq personnes avec l'accord du ‘guide' lui-même et avec,
à la clef, des commissions pour ses fils». Des représentants du CNT ont enfoncé
le clou en affirmant à plusieurs reprises que si les contrats signés par
Mouammar Kadhafi seraient respectés pendant la période de transition, les pays
qui ne l'avaient pas soutenu risquaient de perdre des contrats. Visés les
Algériens ? Le discours des responsables algériens continue d'afficher une
apparente sérénité.
«APPARENTE
SERENITE»
«Nous avons des
investissements en Libye que nous allons poursuivre», a déclaré M. Youcef Yousfi, ministre algérien
de l'Energie et des Mines, à l'issue d'une séance d'adjudication de blocs
d'exploration. «Nous avons plusieurs sociétés de services pétroliers qui ont
quitté la Libye
mais qui vont y retourner dès l'apaisement de la situation», avait-il ajouté
après le rapatriement de quelque 80 employés de l'entreprise nationale des
travaux aux puits (ENTP) et l'ENAGEO (entreprise
algérienne de géophysique) travaillant en Libye pour le compte de SIPEX, (Sonatrach International Petroleum
Exploration & Production). Pour rappel, la SIPEX active en Libye dans deux blocs
d'exploration dans le bassin de Ghadamès près des frontières algériennes. Nul
doute que la prochaine visite à Alger d'une forte délégation du CNT libyen sera
l'occasion de préciser les positions des uns et des autres. On peut penser
aussi que le devenir des enfants, réfugiés en Algérie, de feu Kadhafi, pèsera
dans la balance.
INTERET
STRATEGIQUE DE L'ALGERIE DANS L'AMONT LIBYEN
Les experts
prédisent un peak-oil (pic pétrolier) relativement
proche pour le pétrole algérien, le domaine minier national présentant plutôt
un profil «gaz». C'est un fait que les réserves prouvées récupérables de la Libye sont quatre fois plus
importantes que les réserves algériennes, pour un coût d'extraction du baril
similaire. Il est aujourd'hui évident pour tous qu'il vaut mieux produire sa
propre énergie que dépendre des mouvements erratiques, aggravés par une
spéculation effrénée, du marché pétrolier. C'est pourquoi la stratégie visant à
externaliser les activités amont de Sonatrach a été initiée il y a plus d'une décennie. Même
produit à l'étranger, la part de Sonatrach dans des
activités régies par des contrats de partage de production revient à son
propriétaire, à savoir l'Algérie. En dépit des tensions qui ont marqué la
période de la guerre en Libye, aujourd'hui officiellement terminée, de nombreux
observateurs s'accordent à dire que les deux parties ont intérêt à préserver
les accords conclus. Ils font remarquer que si les nouvelles autorités
libyennes déchiraient le contrat avec Sonatrach, cela
constituerait un très mauvais signal pour la communauté pétrolière
internationale. Tout investisseur en Libye pourrait subir le même sort. Si
elles souhaitent «punir» l'Algérie, les autorités libyennes, ne pouvant revenir
sur des engagements contractuels, peuvent cependant multiplier les obstacles et
tracasseries bureaucratiques. Quant à la récompense promise aux Occidentaux, elle
pourrait prendre la forme de contrats de réalisation de projets de
reconstruction, de prestations de services… qui pourraient être attribués à des
sociétés françaises. Total pourrait être favorisé pour l'attribution de
nouveaux contrats de recherche… Les possibilités de renvoi d'ascenseur sont nombreuses compte tenu des besoins de l'économie libyenne et
de ses capacités financières, selon ces mêmes observateurs.
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Posté Le : 25/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Idir Ahatim
Source : www.lequotidien-oran.com