Algérie

Ce qui attend Ahmed Zeghdar



La mission est délicate, mais pas impossible. Parler d'industrialisation, c'est mettre le doigt là où cela fait mal, car elle constitue le véritable baromètre de l'économie. Elle donne des indicateurs qui renseignent sur le niveau de développement atteint par le pays. Une opération contrariée par les ravages provoqués par la pandémie de la Covid-19. Mais pas seulement. C'est donc dans une conjoncture extrêmement difficile que le nouveau ministre de l'Industrie aura pour challenge de piloter un secteur qui représente un des bras armés du nouveau modèle de croissance économique. Certains projets tels que celui de la mise en place d'une industrie automobile, s'est avéré un véritable fiasco, un gâchis. Les affaires de corruption, qui ont touché certains chefs d'entreprise aujourd'hui sous les verrous, attestent de ce désastre qui ne dit pas son nom. Le secteur de l'électronique et celui de l'électroménager, qui ont connu un boom exceptionnel, ont aussi pâti de cette situation laquelle a eu pour conséquence de geler les importations de pièces de rechange. Pas moins de 16 grandes entreprises algériennes, qui activent dans ce domaine, sont concernées. Les atouts ne manquent cependant pas. La région de Bordj Bou Arréridj est devenue un grand pôle industriel dans le secteur de l'électronique. Elle figure parmi les régions les plus dynamiques du Maghreb en la matière, elle a été rebaptisée par les Africains «capitale africaine de l'électronique». Les grandes entreprises lancées par l'Etat ont tant bien que mal gardé une très large part de marché, notamment l'Enie à Sidi Bel Abbès, l'Eniem à Tizi Ouzou pour l'électroménager et l'électro-industrie qui possède le plus grand complexe industriel d'Afrique, dans la fabrication de transformateurs, de moteurs électriques et de produits pour le transport d'énergie électrique. Des valeurs sûres à entourer de la plus grande attention. Il serait en effet suicidaire de dilapider un tel filon. Une situation avec laquelle doit composer le nouveau ministre de l'Industrie. Il faut rappeler que la question du foncier industriel est un autre dossier laissé en héritage par l'ex-ministre de l'Industrie, Ferhat Ait Ali Braham. Lors d'une plénière consacrée, le 21 janvier 2021, aux questions orales au Conseil de la nation, il avait annoncé que son département avait élaboré un projet de texte modifiant la loi 08-04 de 2008, relative au foncier industriel en vue d'introduire de nouvelles clauses permettant le suivi de l'opération d'exploitation des assiettes industrielles non exploitées par les opérateurs industriels, et la création d'une Instance nationale chargée de la gestion du foncier industriel sur la base de la transparence et de l'efficience économique. Détourné de sa vocation, il a bénéficié à des «hommes d'affaires» qui l'ont laissé en jachère. «30% du foncier public sont inexploités», avait-il déclaré, tout en ajoutant que «l'accès au foncier n'a pas profité aux vrais investisseurs», lors d'une visite de travail effectuée, le 28 octobre 2020, dans la wilaya de Béjaïa. Un dossier qui devra être assaini, tout comme il va falloir se doter d'un Code des investissements dont l'adoption traîne en longueur.


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