Algérie

Ce que Tebboune ne peut ignorer


Aller au dialogue préconisé par Tebboune ou ne pas y aller, les avis restent, jusque-là, partagés à tous les niveaux. S'appuyant sur les expériences malheureuses du passé, d'aucuns, par principe, sont dans le rejet le plus total, convaincus que tout dialogue ne pourrait avoir qu'un caractère man?uvrier avec un agenda préétabli des autorités, appuyé par les clientèles du système encore virulentes et toujours aux abois.D'autres, en revanche, se disent prêts à aller vers ce dialogue maintenant que le pays dispose d'un pouvoir institutionnel légitimé par un vote, bien que lourdement rejeté par la population et que le poids des militaires reste toujours pesant. Certes, disent-ils, Tebboune n'est qu'une façade civile, mais il incarne désormais la réalité d'un pouvoir institutionnel longtemps absent.
De ce fait, il serait susceptible de prendre en charge les réformes profondes tant réclamées et tant attendues par la population. Il s'agit donc, ajoutent-ils, de juger sur pièce et attendre que Tebboune abatte ses cartes, sans préjugés. Pour autant, tous les acteurs politiques, comme les observateurs, s'accordent sur un point-clé, les mesures d'apaisement, la plus urgente étant la libération de l'ensemble des détenus d'opinion, aussi bien les manifestants du hirak que les personnalités incarcérées pour leurs prises de position.
Il faut en urgence effacer la profonde injustice des dirigeants politico-militaires qui, depuis le 22 février dernier, se sont lancés dans une vaste opération de répression du hirak, lequel doit désormais être reconnu solennellement par le pouvoir comme un formidable mouvement populaire révolutionnaire dans une double facette : libératrice du système politique ancien incarné par Bouteflika et mobilisatrice de l'ensemble des couches de la société pour une nouvelle République algérienne.
Le hirak est entré dans les m?urs de la société algérienne, il est son émanation et en même temps son protecteur. Depuis le 22 février dernier, il s'est imposé sur le terrain comme source unique de légitimité. Le monde politique ne peut l'ignorer, encore moins ?uvrer contre lui, et il rappellera cela tous les vendredis et mardis dans des manifestations tout aussi imposantes que celles déjà observées les mois derniers.
Tebboune n'a aucun autre choix que de travailler avec le hirak. En se mettant dans le sillage du mouvement citoyen, sans calculs, Tebboune retrouvera cette légitimité populaire que ne lui a pas donnée le vote du 12 décembre. Avec une base sociale comme celle du hirak, il serait en mesure de lancer les réformes les plus audacieuses que l'Algérie n'ait jamais connues.
C'est une chance inouïe à saisir. Et si par malheur Tebboune venait à renouer avec le réflexe répressif, il se couperait définitivement du hirak avec la lourde conséquence de faire plonger le pays dans le chaos. Et il ouvrirait la voie au retour des militaires dans la vie politique, comme ils le font depuis le 22 février, c'est-à-dire au premier plan, avec là aussi de sérieuses conséquences.
S'agissant des militaires, ceux-ci seraient bien inspirés s'ils venaient à déclarer de la manière la plus solennelle et la plus officielle qu'ils se retiraient définitivement de la vie politique, qu'ils rentraient dans leurs casernes pour se consacrer à la tâche déjà bien lourde de défense du territoire, qu' ils ne joueraient plus le rôle de pouvoir réel, tapi dans l'ombre, faisant et défaisant les événements et les hommes. Et qu'ils laissent enfin émerger une Algérie civile.
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