Algérie

Ce que révèle l'affaire Fekir



Ce que révèle l'affaire Fekir
L'auteur de 11 buts et 7 passes décisives cette saison avec l'actuel leader du championnat français, l'OL venait de dribbler le coach Christian Gourcuff et le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui avaient annoncé le vendredi d'avant la confirmation de sa venue chez les Verts. Mais la pépite de Lyon a fait volte-face dans la même journée pour affirmer qu'il n'avait rien décidé. Quelques jours plus tard, Nabil Fekir a confirmé sa préférence, en déclarant dans les colonnes de L'Equipe : «La France, c'est mon choix.»PRESSIONNabil Fekir n'est et ne sera pas le seul joueur français d'origine algérienne à évoluer pour les Bleus. Zineddine Zidane, Karim Benzema, Camel Meriem, Samir Nasri et bien d'autres ont fait ou feront le choix de porter le maillot tricolore. Mais c'est surtout la manière avec laquelle le joueur a rejoint la sélection de Didier Deschamps qui a été critiquée. Le journaliste Nabil Djellit, qui collabore régulièrement avec Francefootball, RFI, Europe 1 et Itele, dira à ce propos : «En France, les avis des Algériens sont partagés.Certains lui en veulent pour sa mauvaise communication. Il avait maladroitement appelé Christian Gourcuff pour ensuite se rétracter et rejoindre l'équipe de France.C'est surtout plus la forme que le fond qui les a dérangés. Sinon ils se disent qu'il est Français. Il a grandi et vécu en France. Son choix est donc respecté, bien qu'ils savent qu'il y a des enjeux financiers derrière.» Quant à l'ex-sélectionneur algérien, Noureddine Saâdi, de 1990, il rejoint Nabil Djellit dans son analyse, en affirmant que le joueur aurait dû voir un spécialiste en communication pour parler à sa place, avant d'ajouter : «Il ne faut pas se voiler la face, Fekir attendait d'un côté d'être convoqué par l'équipe de France en premier lieu.D'un autre côté, il ne voulait pas perdre la possibilité de rejoindre l'Algérie, surtout avec les gros moyens dont dispose la Fédération algérienne. Car nous savons tous que les joueurs ne viennent pas en sélection gratuitement. Toutefois, on lui souhaite bonne chance et on espère qu'il deviendra un autre Zizou, même si au lieu de choisir l'Algérie, il a préféré la France.» Nabil Djellit précisera que le joueur était soumis à une forte pression : «Il subissait la pression de l'Algérie qui lui avait demandé de se déterminer rapidement, celle de sa famille, son environnement culturel algérien.Mais aussi celle de son club pour devenir international français pour différentes considérations, notamment sur son futur transfert et puis aussi il avait la pression de l'équipe de France. Didier Deschamps l'a appelé. Il y a eu une confusion de sentiments et d'émotions chez lui. Ensuite, il y a son ambition personnelle qui, à mon avis, était l'équipe de France.»CLUBSEn dépit du passage de joueurs d'origine algérienne en sélection française avec succès, à l'instar de Zidane ou Benzema, ou avec moins de réussite comme ce fut le cas pour Camel Meriem, il y a toujours en France, mais aussi dans d'autres pays européens, un engouement chez les jeunes d'origine algérienne pour rejoindre un jour les Verts, même pour ceux qui ont porté les couleurs françaises.L'emblématique capitaine des Verts, Antar Yahia, a été, en 2004, le premier à profiter de la nouvelle loi FIFA. Depuis 2009 aux Bahamas, celle-ci a été renforcée, puisque la FIFA autorise, depuis, les joueurs binationaux à opter pour le pays de leur choix, à la seule condition qu'ils n'aient pas déjà évolué avec l'équipe A.C'est ainsi que les Verts ont récupéré des joueurs, à l'instar des Taïder, Ghoulam, Belfodil et récemment Tafer. L'arrivée des joueurs ayant une formation, notamment en France, a limité l'accès des joueurs locaux à la sélection. Rares sont ceux qui parviennent à se faire une place parmi les joueurs venus d'ailleurs.En plus des multitudes de problèmes liés à la mauvaise qualité de la formation, l'encadrement, le manque d'infrastructures, Noureddine Saâdi met l'accent sur un autre aspect qui entrave la formation : «Il y a un phénomène qui ne laisse pas éclore les bons joueurs et ne laisse pas voir la réelle valeur en raison de l'instabilité chronique de l'effectif. Il y a énormément de va-et-vient de joueurs dans les équipes et aussi d'entraîneurs.Pourquoi ne pas faire un règlement comme celui de Tunisie: un entraîneur étranger n'a droit qu'à un seul contrat par année, alors que le coach local ne peut opter que pour deux par saison.C'est la stabilité qui garantit la performance.» Noureddine Saâdi notera aussi : «Tous les clubs sont obnubilés par la ?championnite', alors qu'il faudrait plutôt investir dans les hommes.Regardez Kheireddine Madoui à qui on a fait confiance, il a montré ses capacités. Abdelkader Amrani est en train de réaliser un excellent parcours avec le MO Béjaïa, alors que d'autres clubs l'ont poussé vers la porte de sortie. Les entraîneurs sont capables de faire nettement mieux que les présidents dans la gestion technique des clubs, car ce sont eux qui connaissent mieux les joueurs.On ramène des joueurs, deux semaines après, on les libère. Parce qu'on écoute n'importe quel manager. C'est vrai que le président doit être accompagné, mais parfois ce sont les supporters qui recrutent.Il y a un vrai problème organisationnel dans les clubs.» Nabil Djellit relèvera que le football est une question de management et de vision. Deux qualités qui n'existent malheureusement pas actuellement dans le sport le plus populaire en Algérie.




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