Algérie

Ce qu'il faut corriger



Ce qu'il faut corriger
Boycotteurs partisans et participationnistes ont scruté le déroulement du scrutin présidentiel avec une égale méticulosité. Les premiers en consacrant leur attention au comportement de l'électorat avec l'espoir qu'il confirmerait ce qu'ils en attendaient : une abstention si écrasante qu'elle en deviendrait disqualifiante du processus électoral contre lequel ils ont mené campagne. Les seconds en étant à l'affût de tous les signes annonciateurs ou confirmant une fraude électorale qui leur ferait contester le résultat de l'élection présidentielle.L'abstention a été forte ce jeudi, peut-être même plus élevée que ne l'a fait apparaître le taux officiel de participation de 51,70%, rendu public par le ministre de l'Intérieur, grand officiant des opérations électorales. Elle a en tout cas été plus forte que celles officiellement enregistrées dans les précédentes élections de même nature. Mais l'on a été loin de ce « désert » électoral prédit par les boycotteurs. Il est indubitable qu'une partie consistante de l'électorat a accompli son devoir citoyen. Ce qui va rendre moins crédible et audible la thèse d'un scrutin disqualifié que les boycotteurs persisteront évidemment à claironner.Ces mêmes boycotteurs partisans sont par ailleurs mal venus de revendiquer cette forte abstention comme leur « victoire ». S'il est de bonne guerre qu'ils la revendiquent, le peu de répondant que leurs appels et manifestations anti-boycott ont eu au sein de la population a attesté du contraire. La majorité des abstentionnistes ne s'est pas déterminée en leur faveur mais en fonction de considérations individuelles. Cela étant, le pouvoir n'a pas à pavoiser que l'abstention a été moins forte que ne l'ont espéré les boycotteurs. Elle a été par sa proportion un cinglant démenti à son pronostic d'une participation populaire qui devait faire du scrutin présidentiel une « fête » électorale que d'aucuns de ses bateleurs promettaient comme allant être plus « grandiose » que celles ayant célébré l'indépendance du pays en 62. De même qu'elle a ridiculisé l'argument ayant présenté la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat comme avoir été sollicitée par une demande populaire à la dimension d'un « tsunami ».Quant à une fraude supposée que les participationnistes autres que ceux du camp du vainqueur (à savoir celui du président) vont certainement prendre pour prétexte à contestation du résultat du scrutin, il faut aussi en minimiser l'ampleur qu'ils lui prêteront. Il y a eu incontestablement dans le déroulement du scrutin des dépassements, des tentatives de fraude, dont certaines se sont réalisées. Mais de l'avis des observateurs indépendants habitués des rendez-vous électoraux dans le pays, le scrutin de jeudi n'a nullement donné lieu à une fraude qui en aurait changé le résultat. Les faits et actes ayant été relevés comme frauduleux sont avérés pour certains d'entre eux, mais démesurément grossis pour la plupart par des concurrents du candidat gagnant. Si leurs preuves contre la fraude dont ils soutiennent l'existence se résument à ce qu'ils ont pointé, leur contestation du résultat du scrutin n'aurait pas de fondement crédible car leur impact sur ce résultat n'a rien eu de déterminant.Cela devait être dit même en sachant que l'on encourt l'accusation d'être satisfait que Bouteflika a obtenu son quatrième mandat. Tout annonce que ce quatrième mandat va être une calamité pour le pays, nous l'avons dit et écrit. Mais ce n'est pas parce que l'on est contre qu'il faut maquiller les vérités délivrées par le scrutin et faire dans la désinformation qui veut aboutir à la manipulation de l'opinion.




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