Algérie

Ce qu'en pensent les partis



Ce qu'en pensent les partis
L'enterrement d'Aït Ahmed, vendredi, dans son village natal, a été marqué par un incident durant lequel le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et les membres du gouvernement qui l'accompagnaient ont été empêchés d'accéder au cimetière. Ce fait est loin de laisser indifférente la classe politique, mais chacune des formations politiques, par la voix de son représentant, y est allée de sa lecture. Faut-il s'accorder alors avec ceux qui y voient un acte isolé à mettre à l'actif de gens ayant agi sous l'effet de la colère ' Ou alors, s'agit-il d'un signe de rupture, de rejet et de défiance de la population envers le pouvoir politique 'Lalaoui Belmokhi, membre du bureau national de Nahda : "Cela consacre la rupture avec le pouvoir politique"n "Cet incident consacre la rupture de fait qui existe depuis longtemps entre le peuple et le pouvoir politique, dès lors que le pouvoir politique s'est désolidarisé avec les besoins et demandes du peuple en termes de libertés et de démocratie. L'événement de l'inhumation d'Aït Ahmed a consacré cette rupture. Il me semble que le pouvoir politique n'est pas apte à assurer le respect des libertés et du pluralisme dans le sens noble du terme, ni de transition démocratique en Algérie. Donc, la rupture ne peut être que définitive. Hier nous étions présents à la cérémonie d'inhumation du regretté moudjahid Aït Ahmed. De par les discussions, l'ambiance générale qui y régnait et les slogans qui ont été scandés, nous avons senti un malaise et une déception créés par le mépris du pouvoir politique vis-à-vis du peuple algérien."Ramdane Taâzibt, membre de la direction et député du Parti des Travailleurs (PT) : "Un acte qu'on ne peut mettre sur le dos de la région"n "En toute sincérité, ayant été sur place, j'ai vu une centaine de milliers de personnes rendre un dernier hommage à Hocine Aït Ahmed, dans la douleur et la dignité. Il y a eu une petite poignée de personnes qui ont jeté des bouteilles d'eau sur le cortège du Premier ministre, mais on ne peut pas mettre cela sur le dos de la procession humaine extraordinaire. C'est un incident regrettable, c'est tout". Cela consacre-t-il la rupture ' "Non, je ne suis pas de cet avis", déclare-t-il, "de la centaine de milliers de personnes présentes sur les lieux, il y a eu certes une réaction de la part d'une poignée de personnes, que je ne condamne pas, mais que je n'encourage pas non plus ce type de réaction de la part de quelques jeunes peut-être touchés par ce qu'a enduré Hocine Aït Ahmed de la part du système, et qui ont réagi dans un moment de colère. À mon avis, il n'y a pas lieu de mettre cela sur le dos de la région."Abdallah Djaballah, président du FJD- El-Adala : "La présence des ministres était refusée"n "Bien qu'ayant assisté à l'enterrement de Hocine Aït Ahmed, je n'ai pas été témoin de cet incident que j'ai appris dans les médias. Personnellement, je n'ai croisé le cortège du Premier ministre qu'à la sortie. Globalement, la présence des officiels a été refusée par les jeunes présents à l'enterrement. Effectivement, cet événement s'est produit, comme cela a été rapporté. Mais, en ce qui me concerne, c'est le contraire qui s'est produit. Les gens m'ont accueilli par des applaudissements. De notre part, nous les remercions pour cet accueil chaleureux qui prouve la très grande conscience politique des populations qui étaient présentes à l'enterrement."Mohcine Belabbas, président du RCD : "La réaction de la population était prévisible"n "Le défunt ne voulait pas d'un enterrement officiel et refusait d'être enterré à El-Alia. Les officiels ont eu l'occasion de se recueillir sur la dépouille, d'autant plus qu'ils l'ont squattée seuls à l'aéroport, et il aurait été intelligent de leur part de se déplacer au lieu de l'enterrement mais il était très clair qu'un pouvoir qui est rejeté en ce moment à cause des mesures impopulaires qu'il vient de prendre, mais aussi et surtout à cause de ce qu'il a fait depuis 1962 contre tous les opposants, notamment Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, etc. Donc, ce n'est pas une surprise qu'ils soient renvoyés de la région. De plus, la population a horreur de voir débarquer des officiels avec des escortes, comme s'ils étaient dans une région ennemie. Le fait qu'ils se fassent déjà escorter par autant de policiers et de gendarmes pose problème aux populations. On ne part pas comme cela à un enterrement. Si on décide de venir sous escorte, cela veut dire qu'on sait dès le départ qu'on va être renvoyé. C'est l'erreur qu'ils ont faite. Nous-mêmes, nous nous sommes déplacés sans escorte, nous nous sommes comportés comme tous les citoyens de la région et la population nous a salués et nous a cédé le passage. Il y a eu plusieurs opposants qui ont reçu un accueil chaleureux de la population. Ce renvoi du cortège officiel est un acte de défiance envers le pouvoir, qui n'est pas le premier, d'ailleurs. À chaque fois que les hommes du pouvoir se déplacent dans cette région, notamment à l'occasion de meetings ou de sorties officielles, ils sont hués par la population. C'est pour cela qu'ils se sont toujours arrangés pour se faire entourer du maximum de gens et de policiers dans leur déplacement. Aussi, le message délivré par la population est connu du pouvoir. Le problème est qu'il a décidé de rester sourd et autiste. Non pas parce qu'il n'entend pas le message, mais parce qu'il ne veut pas l'entendre."A. R.




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