Algérie

Ce qu'en pensent les marins pêcheurs



Ce qu'en pensent les marins pêcheurs
Responsabilité n Souvent, la cherté des produits de mer, comme leur rareté, sont imputées, dès le premier instant, aux marins pêcheurs. Ce sont les premiers inculpés.
Le consommateur, pris dans le filet de l'indisponibilité du produit d'une part et de sa cherté d'autre part, estime que «la faute incombe en premier lieu aux marins pêcheurs». Les marins pêcheurs s'en défendent. Ami Ali, marin pêcheur, à la pêcherie d'Alger, a fait remarquer que c'est pareil pour les fruits et légumes : quand ces produits se font rares ou leurs prix sont hors de portée, la responsabilité est aussitôt imputée aux fellahs.
«Sans rien connaître du dur métier que nous exerçons, les gens n'hésitent pas à nous faire porter le chapeau concernant la cherté et la rareté de la sardine et autres produits de mer. Que ces personnes-là viennent vivre, au moins une journée avec les marins pêcheurs pour se rendre compte des conditions auxquelles nous sommes confrontés au quotidien», tonne-t-il.
«Je suis marin pêcheur depuis près de 30 ans. Je me suis toujours dit que les choses changeront certainement un jour, mais voilà qu'au lieu d'aller de l'avant, nous reculons», ajoute-t-il. Pourquoi donc cette situation ' Selon ses affirmations, la réponse est claire.
«A chacun son métier, mais le constat est que dans la pêche, les vraies gens du métier, ne pouvant répondre favorablement aux exigences, ont cédé sous le poids des dettes.» Les marins pêcheurs, qui ne travaillent que trois ou quatre mois dans l'année, «sont livrés à leur triste sort le reste de l'année.
C'est regrettable, mais nous n'avons jamais rencontré un responsable à la pêcherie d'Alger», ont-ils affirmé unanimement. Les marins pêcheurs affirment aussi que des patrons n'ayant rien à voir avec le métier, «usent de leurs connaissances afin de se faire une place privilégiée au sein des ports de pêche et, ainsi, monopoliser les sorties en haute mer avec leur matériel sophistiqué qui leur permet d'aller pêcher dans les plus grandes profondeurs». Et ce n'est pas tout.
Pour illustrer leurs dires, les marins pêcheurs font remarquer, pleins d'amertume, la vétusté de la plupart des chalutiers et autres bateaux de pêche «qui contribuent au désastre». Dans ce cadre, Ami Ali revient à la charge pour noter que, lui personnellement, possède un chalutier à l'arrêt depuis près de deux ans. «''El Djazaïr'' (nom du chalutier) m'a coûté beaucoup d'argent.
Datant de 1986, il a suffisamment pris le large et je pense qu'il est temps de le mettre à l'arrêt, quoique je n'aie vraiment pas le choix d'admettre que l'une des ressources de ma famille ne le soit plus. Avec mes maigres revenus ainsi que mes dépenses colossales, il me sera impossible de me permettre un nouveau bloc moteur pour mon chalutier», a-t-il regretté.
Concernant toujours le chapitre des problèmes que rencontrent les pêcheurs, un ami de Ami Ali, assis à ses côtés, a cité comme pour appuyer ses dires, l'inaccessibilité à la pièce détachée (dans le cas de sa disponibilité) «car ce n'est pas tout le temps le cas», a-t-il dit.
Le deuxième problème est celui des filets.
Et là, on met en évidence le risque éventuel pour un pêcheur, quelle que soit son expérience, de perdre en une journée un chalutier pour peu que ce dernier s'accroche à un rocher.
Et le fil à réparer coûte pas moins de 2 000 DA la bobine d'un kg. S'agissant du prix de vente du poisson, jugé très élevé par les consommateurs, l'armateur le justifie par le prix excessif à ses yeux, du gasoil.
F. H.


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