Algérie

Ce qu'en pensent les étudiants



Ce qu'en pensent les étudiants
La communauté universitaire et estudiantine, de par le monde, a toujours été porteuse de dynamique de changement. Cela est-il aussi valable pour l'Algérie'Les choses semblent se conjuguer plutôt au passé. Il fut un temps diraient certains! Pour se convaincre, il suffit de se rappeler aux souvenirs des années 1970 jusqu'à fin 1980, l'activisme bouillonnant et les différents mouvements, politiques, culturels, sociaux et syndicaux initiés et portés par les étudiants. Le pouvoir en place a tout le temps affiché, d'abord de la méfiance, qui s'est prolongée dans la surveillance pour finir par la répression à l'égard de la communauté universitaire. Probablement pas suffisante et «non productive» comme démarche, le pouvoir a injecté, favorisé et soutenu des mouvements fondamentalistes et intégristes de nature réactionnaire pour tenter de stopper la dynamique moderniste et progressiste des mouvements estudiantins de ces années-là. Aujourd'hui, toujours pour endiguer, stériliser ses espaces «de réflexion et de construction des alternatives», ces contre-pouvoirs, le système opère d'une manière encore plus insidieuse: dévitaliser ces espaces par une dépolitisation massive.Quel est le regard de la communauté estudiantine algérienne sur l'élection présidentielle prochaine'Les étudiants algériens sont conscients de l'état délétère de la politique pour des tas de raisons, mais en même temps ils sont indifférents à ces élections qui pour eux sont une simple «mascarade» qui ne les concerne pas car «la confiance a été rompue depuis longtemps». Hassan F., étudiant en troisième année de sciences politiques, nous dira: «Moi je n'ai même pas de carte de vote car je sais que ça ne sert à rien de voter dans ce pays, des gens de l'ombre décident entre eux de qui sera le prochain président, nous on compte pour du beurre, aucun intérêt de s'y intéresser, nos problèmes personne n'en a conscience, ce qu'on vit au quotidien, notre bourse qui ne nous permet même pas d'acheter un livre ou de nous prendre en charge.» Le témoignage renseigne profondément de la conscience politique qui régne chez la communauté estudiantine algérienne. «Je ne me sens pas concerné. Je ne suis pas politisé. D'ailleurs je ne voterais pas! J'aime le foot, les nanas en attendant de partir poursuivre mes études en France, point», répond Djaffar T, un jeune étudiant que nous avons rencontré devant la faculté de droit de Ben Aknoun, Alger.Interrompu par sa camarade pour s'écrier: «Un seul mot; angoisse! Je ne me sens pas du tout en sécurité dans ce bled. Et peu importe qui sera élu, je n'y crois plus.» Une jeune enseignante de 30 ans nous dira qu'elle a un fort sentiment d'insécurité et que la politique étrangère la rassure beaucoup plus que l'élection «présidentielle». Cette dernière est a ses yeux «une grande supercherie que tant qu'il y a dans la course des bonhommes vieux et malades et importants, aucune crédibilité». «Je me sens blasée, dégoûtée et angoissée par rapport à l'avenir du pays et par conséquent mon avenir est incertain. Il n'y a aucune norme, alors la démocratie...est bien loin du compte», regrette-t-elle. Wafia, une autre étudiante de la même promo se veut plus optimiste et plus engagée. «Je suis très persuadée que c'est une bonne occasion pour les jeunes Algériens de s'exprimer et de s'organiser pour prendre la relève et dire on a marre des vieux. Ça y est la période de la peur. C'est notre tour de gérer nos affaires nous-mêmes», a-t-elle soutenu tout en lançant un appel pour ceux qui gardent le silence. «Votre silence nous dérange et nous tue, vous êtes responsables de la souffrance des autres. Arrêtez votre hypocrisie. Et pour ceux qui ont bénéficié de ce régime, je leur dis que vous allez rendre compte très prochainement parce que vous avez tort.»




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