Algérie

Ce qu'en disent les partis



L'instruction de la présidence de la République au Premier ministre, précisant que tout projet d'ouverture de capital ou de cession d'actifs de l'entreprise publique économique doit être soumis à l'accord, préalable, du chef de l'Etat, est diversement interprétée par la classe politique. Hormis le RND, le parti du Premier ministre, qui n'a pas souhaité faire de commentaire, et le RCD qui dit ne pas être concerné, le reste des partis trouve judicieuse l'intervention d'El-Mouradia.Parmi les partis de l'opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne se sent pas concerné par ce qu'il qualifie de "leur salade interne". Le secrétaire national chargé de la communication, Yassine Aïssiouane, joint hier, a déclaré que son parti est davantage préoccupé par la situation du pays qui subit les contrecoups de la loi de finances 2018, ainsi que l'activation du processus de la planche à billets. "On nous a habitués à ce genre de comportement. On a déjà vécu ça avec l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Ce sont les réactions habituelles du président Bouteflika. Ils sont en train de mettre en péril le devenir de la nation. Pour nous, l'alternative est la transition démocratique qui passe obligatoirement par la mise en place d'une instance indépendante de gestion des élections pour accéder au pouvoir. La crise est politique avant d'être d'ordre économique", étaye Yassine Aïssiouane. La position du Parti des travailleurs est plus tranchée. Le parti considère, en effet, l'annulation de la décision de la tripartite comme "nouvelle victoire pour la nation".
"C'est une mesure que nous soutenons car conforme aux intérêts de la nation et des travailleurs. Le pillage et le bradage n'ont jamais construit aucune économie dans aucun pays au monde. Ce coup d'arrêt apporté au projet de liquidation et de l'accaparement par les affairistes de l'outil de production nationale publique est en concordance avec les corrections entamées par le président Bouteflika en 2009/2010. La tripartite officielle et officieuse étaient en totale contradiction avec cette orientation du président de la République exprimée dans la loi de finances complémentaire de 2009 et 2010", estime Ramdane Youssef Taâzibt, membre du bureau politique du PT.
Le FLN applaudit
De son côté, le Front de libération national (FLN) a applaudi, comme il fallait s'y attendre, à l'initiative présidentielle. La position de Bouteflika est, selon ce parti, inspirée de la déclaration du 1er Novembre 1954. Le FLN affirme, dans un communiqué rendu public, hier en début de soirée, avoir accueilli "avec beaucoup de fierté" la décision du président de la République dans laquelle "il ordonne au gouvernement de préserver les entreprises publiques de la privatisation". Le parti espère que la décision du chef de l'Etat "va permettre de dynamiser le front économique dans le sens de la relance économique attendue". "Les décisions du chef de l'Etat sont sacrées et ne peuvent pas faire l'objet du discussion au sein du FLN car c'est lui le président de notre parti", martèle Djamel Ould Abbes.Dans une déclaration reprise sur le site de cette formation politique, Ould Abbes est catégorique : "Le dossier de la privatisation des entreprises publiques est une ligne rouge à ne pas franchir. C'est ce qu'a décidé le Président, garant de la Constitution." Le secrétaire général du FLN rappelle que dans la déclaration finale de la rencontre FLN, Forum des chefs d'entreprise et Union générale des travailleurs algériens (UGTA), son parti a insisté sur son "avis tranché sur la préservation du secteur public stratégique qui ne doit en aucun cas être touché". Le Front des forces socialistes (FFS) s'est voulu plutôt didactique.
Le président de son groupe parlementaire, Chafaâ Bouaïche, tempère les ardeurs du FLN et du PT en rappelant que "l'instruction adressée par Bouteflika au Premier ministre précise seulement que tout projet d'ouverture de capital ou de cession de l'entreprise publique économique est soumis à l'accord préalable du Président. Cela ne signifie nullement la remise en cause des décisions d'Ouyahia". De son côté, le chargé de la communication du parti, Hacene Ferli, explicite davantage la position du FFS. Il pense que le "pouvoir est fidèle à ces pratiques empreintes d'opacité et de tergiversations. L'instruction présidentielle n'est pas une remise en cause de la décision d'Ouyahia. Le pouvoir n'est juste pas d'accord sur la clientèle qui devrait en bénéficier. Le seul consensus au sein du pouvoir, c'est de faire payer aux citoyens la facture de la mauvaise gestion du pays, des lois antisociales, le démantèlement du secteur public et l'abandon du caractère social de l'Etat". Le Rassemblement national démocratique (RND), le parti du Premier ministre, s'est interdit, lui, tout commentaire. Son porte-parole, Seddik Chihab, n'a pas souhaité commenter l'instruction présidentielle. Il nous a demandé de patienter jusqu'à la tenue du conseil national, prévu le week-end prochain, rendez-vous lors duquel sera connue la position du RND. La rencontre sera probablement ponctuée, précise-t-il, par une conférence de presse animée par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti. Ainsi, la réponse viendra du Premier ministre lui-même, semble-t-il suggérer.
Nissa H.


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