Algérie

Ce qu'a gagné l'Algérie


La suspension mise en oeuvre pour un grand nombre de produits et de sous-produits a fait l'effet d'un électrochocLa victoire est économique certes, mais elle est également morale. Et pour cause, elle a permis aux Algériens de découvrir les potentialités de leur pays.
Les relations économiques et commerciales de l'Algérie avec le reste du monde ont sensiblement changé, ces trois derniers mois. Les Turcs, les Espagnols, les Français et les Chinois se sentent visiblement touchés par le tournant «protectionniste» que négocie l'Algérie depuis le premier janvier dernier. Il faut dire que c'est bien la première fois que le gouvernement décide, avec une fermeté très remarquée, d'en finir avec la politique des importations tous azimuts. La suspension annoncée et effectivement mise en oeuvre pour un grand nombre de produits et de sous-produits a fait l'effet d'un électrochoc au sein de la communauté économique et commerciale nationale. Les quelques dizaines de milliers d'importateurs ont, du jour au lendemain, perdu leur business. Les producteurs s'étaient vus propulsés au-devant de la scène commerciale, avec la mission de subvenir au marché local, sans phase d'adaptation comme l'auraient suggéré certainement certains «experts». Plus de trois mois après le passage à l'acte «brutal», les étals des commerçants et des supermarchés n'ont pas désempli. Les prix n'ont pas flambé et le quotidien des consommateurs n'a pas été bouleversé. Cette décision pour «surprenante» qu'elle puisse être, a détruit le mythe de l'improductivité de l'économie nationale. Les Algériens ont découvert qu'il était possible de vivre normalement, sans le «secours» aux 850 produits fabriqués à l'étranger.
Cette «belle victoire» des producteurs nationaux contre les importateurs n'est pas sans faire des victimes collatérales. Il se trouve que ces dernières se recrutent parmi les producteurs espagnols, français, chinois et autres qui tiraient profit de l'embellie pétrolière et partageaient les bénéfices avec la horde d'importateurs algériens qui achetaient tout ou rien, et recouraient pour nombre d'entre eux, à la pratique criminelle de la surfacturation avec l'assentiment de leurs fournisseurs. Ces derniers, parmi eux les Espagnols et les Turcs, pour ne citer que ceux qui s'étaient exprimés ces jours-ci, ont protesté auprès des pouvoirs publics algériens, exigeant la levée de l'interdiction d'importation qui frappe leurs produits et dont l'impact est déjà désastreux sur des dizaines de leurs entreprises.
Pourtant, au lendemain de l'éclatement du contre-choc pétrolier, ils devaient s'attendre à ce que l'Algérie prenne ce genre de décision. Mais le mythe de l'improductivité de l'économie nationale et la puissance de frappe du lobby des importations encourageaient les fournisseurs étrangers à poursuivre dans une logique purement commerciale. L'Algérie n'était rien d'autre qu'un marché pour leurs produits. Il faut croire que leurs analyses étaient infondées. Les producteurs nationaux ont clairement prouvé leur force de frappe et le mythe de l'improductivité n'était rien d'autre que l'arbre qui cachait la forêt d'une économie bel et bien productive. La victoire est économique certes. Mais elle est également morale. Et pour cause, elle a permis aux Algériens de découvrir les potentialités de leur pays, de la qualité des produits et ils ont surtout appris à consommer «made in Bladi» et contribuer, par la même, à l'essor de l'économie de leur pays
Le gouvernement tient la force de son argumentaire justement à la réaction globalement positive de la société. Il n'est donc pas question de changer de cap, puisque celui pris depuis le premier janvier dernier réconcilie les Algériens avec leurs producteurs et poussent les importateurs dans leurs derniers retranchements. L'attitude du Premier ministre face aux «réclamations» espagnoles est bien à propos et explique clairement que le temps des «cadeaux» est révolu. Le commerce doit être profitable aux travailleurs algériens comme à leurs collègues espagnols. Il n'y a pas de raison qu'un Algérien aide l'Espagnol à nourrir sa famille, s'il n'y a pas réciprocité. Ce principe est valable pour tout autre partenariat. Il faut bien que tous les fournisseurs sachent, une bonne fois pour toutes, qu'en 20 ans l'économie nationale n'est pas restée les bras croisés. D'importantes avancées sont visibles dans beaucoup de filières industrielles. Le pays est en situation de guérir du syndrome du «plan anti-pénurie». Sur des centaines de produits, on ne craint rien.
Ces trois mois d'interdiction d'importation ont donc été instructifs pour les Algériens sur le pouvoir qu'a leur pays à contraindre ses partenaires pour revoir leur copie et reconsidérer autrement leur coopération. Il faut dire que si l'économie nationale parvient à se libérer du poids des importations pour nombre de produits, c'est qu'elle est aussi en mesure de convaincre tout le monde à se plier à la contrainte qu'elle impose pour tout investissement étranger. Le 49/51% qui a court depuis une dizaine d'années finira par passer comme une mesure tout à fait acceptable pour tout investisseur, au regard de la rentabilité exceptionnelle qu'offre le marché algérien. Des PME occidentales qui ont adopté cette règle font du 20% de croissance dans leurs entreprises en Algérie sur plusieurs années. «Plus fertile que l'Algérie, c'est difficile à trouver», un opérateur français qui n'en croit toujours pas ses yeux, après plus de 5 ans de présence dans le pays. Ahmed Ouyahia, qui a prévenu les Espagnols sur les opportunités qui ne se renouvèleront pas, sait très bien de quoi il parle.
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