Algérie

Ce poulet qui plume les aviculteurs



Il est étonnant de constater combien un simple plat de poulet peut soudain soulever des problèmes. En dépit des innombrables investissements, la filière avicole est en butte à d'énormes difficultés et à de sérieux problèmes. La crise ne date pas d'aujourd'hui. Les aviculteurs annabis vivent une période sombre. La crise induite par la pandémie de coronavirus l'a amplifiée. Les prix de l'aliment du bétail et des poussins sont inaccessibles. Une situation impactant à plus d'un titre la situation de l'ensemble des aviculteurs de la wilaya d'Annaba, qui travaillent à perte. «Nous sommes habitués à des hausses légères des prix des aliments et des poussins, mais cette fois, les augmentations ont dépassé tout entendement», dénonce un aviculteur contacté par nos soins. Affilié à l'Association pour l'élevage de volailles à Annaba, notre interlocuteur révèle que, cette saison, plus de la moitié des acteurs de la filière ont dû mettre la clé sous le paillasson en raison des dernières hausses des coûts de production. Une hausse, déplorée par notre interlocuteur, qui s'est répercutée sur les prix de la viande blanche, notamment ces derniers mois. Aussi, il est de plus en plus difficile d'écouler les productions de volailles. Les aviculteurs, qui ont l'habitude d'écouler facilement leurs marchandises, font face désormais à une double problématique. Une consommation en berne liée à la hausse des prix des matières premières, conjuguée à l'érosion du pouvoir d'achat du consommateur. Le prix du poulet a atteint des niveaux record, pour la première fois, sur le marché local. Un prix avoisinant 500 DA/kg. Du jamais-vu. Situation pénalisant en premier lieu, selon le même interlocuteur, le consommateur qui, en raison des prix élevés de la volaille, a préféré battre de l'aile, tant son pouvoir d'achat risque d'en pâtir. Conséquence directe de la réticence de la plupart des aviculteurs de la wilaya d'Annaba à poursuivre leur activité. Et pour cause! Le coût élevé des aliments, qui a atteint le seuil de 8000 DA/ quintal. Au-delà s'ajoutent les prix élevés des poussins oscillant entre 160 et 220 DA/ poussin. À donner la chair de poule. Une augmentation qui fait que les éleveurs ne sont plus en mesure de s'approvisionner, selon les explications de notre interlocuteur. «Même les prix des médicaments vétérinaires ont augmenté d'une manière incroyable et injustifiée», déplore-t-il. Avec ces prix, ils marchent sur des oeufs.Une liste de frais qui n'en finit pas, si l'on tient compte des autres dépenses, tels l'électricité et les salaires de la main-d'oeuvre, qui ont également augmenté. Autant de raisons qui font que la moitié des aviculteurs de la wilaya d'Annaba songent à changer carrément d'activité.
Une réticence aux effets négatifs sur la filière avicole. À cet égard, les professionnels interpellent les pouvoirs de la tutelle pour une intervention rapide, afin de réguler la filière et de soutenir ses moyens de production. S'agissant de la hausse des prix de la volaille, notre interlocuteur s'attend à ce que les prix de la viande blanche restent à ce niveau encore longtemps, en raison d'une demande, toujours, croissante. Celle-ci est compensée par une faiblesse de l'offre résultant de la réticence des aviculteurs de la wilaya d'Annaba.
Si la décision de recourir à l'importation, à titre urgent et exceptionnel, pour inonder le marché en produits qui font l'objet de spéculation, atténuera, un tant soit peu, la flambée des prix des produits de base, il n'en demeure pas moins qu'a contrario, elle risque de provoquer l'effondrement de la filière avicole.


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