Algérie

Ce poème a été composé en juin 1993



I
Ce triste présage je perçus
Dans un coup de tonnerre, à Doha.
Ce marmonnement dans le ciel,
Est-ce un prélude à l'orage '
Pourtant une pluie hors saison
Est chose étrange en ces contrées.
Me réveillant en sursaut,
Je me pris à hurler dans le désert.
II
Ce message-là, je lus dans l'éclair
Oh, souviens-t-en, coeur oublieux !
Certes, ce n'était qu'une fissure dans le ciel,
Mais elle déchira, tel un tison, mon sommeil.
Je frissonnai, mû par un pressentiment fatal,
Car j'entendis des gens pleurer.
Ils disaient qu'en plein midi,
Le soleil s'éclipsa d'Azeffoun.
III
Oh, comme fut amère la rumeur
Qu'apporta la vague maléfique.
Des monstres ont envahi les villes,
Dont l'Ogre du Zénith et l'Hydre.
Les voilà qui aiguisent et affûtent
Leurs calomnies contre le Fils de la Montagne.
Je t'implore, Ô Cheikh ? Ou ? Sahnoune,
Délivre-nous de ce péril.
IV
La nouvelle me fut annoncée par le vent
Lorsqu'il hurla au Qatar.
Il me dit : "On creuse une tombe à Oulkhou
Et l'ennemi est à nos portes"
Mais pourquoi ce sang dans la brume
Qui remonte de la plaine '
C'est qu'incurable est le coup
Qui fut porté à Tahar.
V
Ô aigle du Golfe emporte-moi
Vers Alger ? la ? Mezghenna.
D'abord, à La Mecque, dépose-moi,
Que je fasse le tour de la Kaâba de haute lignée.
Puis à partir des entrelacs de Hussein, prends ton envol,
Vers Tunis, la porte du Djurdjura.
Louange à Dieu, me voici arrivé
Au portique de la sauvegarde.
VI
Debout sur le col, j'en appelle
Aux mânes des saints de la côte :
"Délivrez-nous de cette angoisse,
Faites donc venir flûtistes et tambourineurs !"
Je vois déjà la fratrie de Tahar arriver :
El-Anka et Iguerbouchen.
Ah, cette zerda, j'en ferai une fresque
Par la grâce de ta main, ô Issiakhem.
VII
Ô hommes d'honneur et de foi
Du haut de Tamgout, écoutez ma supplique :
"Didouche, Laïmeche, Abane,
Chikh Aheddad, Mokrani.
Viens sur ton coursier bleu, ô Sultan
Toi, Sidi Hend Oulkadi.
Déchirez donc ses nuées noires
Et faites que le soleil réapparaisse."
VIII
Ô véloce hirondelle,
Prends ton envol à partir de Beni-Ksila.
Porte mon message à Dellys,
Tigzirt et Mère Gouraya :
"Trêve de plaintes et cris de rage
Et vaines gesticulations.
Sur terre et mer, nous jurons :
Le pays d'Amazigh ne périra pas !"

(Azeffoun, juin 1993)


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