Le lancement du e-commerce est-il nécessaire actuellement pour l'Algérie 'Je pense que oui. Il faut qu'on se mette au diapason avec ce qui fait à travers le monde. Il est inconcevable que l'Algérie reste en marge des transformations qui se font en matière d'économie numérique et des avancées technologiques. Ces facilités sont disponibles dans de nombreux pays, pourquoi ne pas adopter ces solutions en Algérie ' On est donc obligés de lancer le e-commerce.
Est-ce que les conditions s'y prêtent '
Nous sommes dans l'obligation de réunir toutes les conditions. Nous n'avons pas le choix. Premièrement, il faut qu'il y ait une infrastructure très fiable parce que l'activité est liée à internet. Il est inacceptable de lancer le e-commerce alors qu'on souffre pour avoir une connexion de bonne qualité, sécurisée et fiable à des prix très adorables. Il faut aussi que cette connexion soit accessible pour tout le monde. On ne peut pas se permettre de proposer un service pour une partie de la solution et léser une autre.
Donc, l'infrastructure es très importante. Ça peut être un handicap et un prétexte pour les commerçants ou bien pour les consommateurs de ce service. S'il n'y a pas une bonne connexion, le commerçant qui a une mauvaise volonté ne le fera pas. C'est une condition très importante après la loi qui a été adoptée récemment à l'Assemblée populaire nationale. Maintenant que nous avons un texte réglementaire, même avec tous ses défauts, plus de prétextes à présenter. Nous savons aussi que l'Algérie est très en retard dans ce domaine. Cela fait des années qu'on s'est habitué au liquide et aux transactions informelles.
Le gouvernement a essayé d'amener les gens à travailler avec le chèque et ça n'a pas marché. Les gens préfèrent travailler dans l'informel et dans tout ce qui n'est pas tracé. Avec cette culture du liquide et de l'informel, ramener tout ce monde vers le commerce électronique nécessite une nouvelle approche. Et ce, à travers une stratégie et une sensibilisation. Une stratégie basée sur les incitations. Ce ne sont pas les sanctions qui vont pousser les gens à aller vers le e-commerce.
J'ai remarqué que dans le projet de loi, des 49 articles, le quart ce sont des sanctions. Des interdictions en série. Donc, on fait peur aux gens et on ne les pousse pas à aller vers ce changement. Les gens vont trouver mille et un prétextes pour ne pas transiter vers ce type commerce. Donc, il y a lieu de lancer un plan d'incitations.
Comment '
Par exemple, quand Tassili Airlines a lancé la vente des billets par e-paiement, elle a proposé des promotions destinées aux gens qui payent en ligne. Si cette compagnie a pensé à cette incitation, pourquoi pas le gouvernement ' Dire aux gens, par exemple, si vous achetez en ligne, vous ne payerez pas de tva. Il s'agit en effet d'inciter et les commerçants et les consommateurs en même temps.
Pour les commerçants, en leur proposant à titre illustratif de vendre électroniquement, le chiffre d'affaires réalisé sera exonéré de TVA par exemple. On peut également leur offrir de réductions fiscales sur la base de certains calculs. Le commerçant à son tour va pousser les clients à acheter en ligne. La loi à elle seule ne suffit pas. Je rappelle à ce sujet le dossier des constructions inachevées. Il y a certes la loi, mais cela n'a pas réglé le problème.Ça n'a pas donné de résultats.
A la lumière de ces indicateurs, comment s'annonce l'avenir du e-commerce '
Il faut que l'on trace des objectifs. Pour moi, c'est dans le marché informel qu'on pourra puiser. Il est estimé à des milliards de dollars. Certains ministres ont annoncé le chiffre de 40 milliards de dinars et le gouverneur l'a estimé à 20 milliards de dollars. Quoi qu'il en soit, si on trace un objectif et si on arrive à absorber 10% du marché informel à travers ces incitations, on peut ramener sur le circuit officiel 2 milliards de dollars sur deux ans par exemple. C'est un gain net pour le gouvernement qui pourrait investir ce montant en tant qu'incitations
Tout cela demande du temps?
Depuis l'indépendance qu'on travaille au noir et avec du liquide, il faut qu'il y ait un effort, et l'effort à un prix.
Quel bilan pour le e- paiement '
C'est un début. C'est une bonne chose. Maintenant, les chiffres réalisés ne sont pas énormes. Exemple : le nombre des transactions à la Seaal est de moins de 10 000 pour 3000 clients ; donc c'est le même client qui paye sa facture par internet.
Il y a un problème de confiance '
Certes, il y a un problème de confiance, mais je reviens à l'incitation. S'il y a une incitation, les gens prennent le risque. Qu'est-ce qui va pousser les gens à payer en ligne ' Lorsqu'on manipule beaucoup de liquide, il y a des erreurs. Si cette marge est à 1% d'erreur, c'est acceptable.
Maintenant, pour le 1% qu'on perd si on fait l'effort de le transformer en incitations parce que le paiement électronique évite tous ces problèmes, on peut gagner. Est-ce que les entreprises qui ont lancé le paiement des factures par internet ne peuvent pas investir les montants qu'ils perdent dans les incitations via des petites réductions '
Sans cette démarche, le e-commerce ne donnera pas de résultats et si on tente de le relancer, ça ne va pas marcher. Il faut aussi un suivi et une évaluation pour corriger et améliorer ce qui se fait.
Quid des intermédiaires '
Les markets places sont à promouvoir au même titre que tout ce qui a trait à la logistique. A travers le monde, il y a eu la création des points relais. Il faut encourager les commerçants à ajouter cette activité dans leur registre de commerce. Ce qui facilitera la tâche aux transporteurs et aux clients.
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Posté Le : 05/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Imadalou
Source : www.elwatan.com