Algérie

«Ce n'est qu'une première étape»



Loin de crier victoire, sans pour autant sombrer dans le pessimisme, le conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la Présidence, Abdelmadjid Chikhi, a estimé que la décision du président français, Emmanuel Macron, de faciliter l'accès, depuis hier, aux archives classifiées de plus de 50 ans, n'est qu' «une première étape» soulignant qu' «il y a beaucoup à faire.Les archivistes français vont se pencher sur pas mal de dossiers. J'espère que ce sera positif pour l'écriture de l'histoire». Néanmoins, le directeur général des Archives nationales a qualifié la décision d'Emmanuel Macron de «très positive». «Je peux dire, pour l'instant, que c'est une très bonne décision et c'est une ouverture s'il y a un suivi permettant de la mettre en application assez largement et qui permettrait particulièrement aux chercheurs algériens d'accéder à ces documents», a nuancé à l'APS Abdelmadjid Chikhi. Pour ce dernier, la décision du chef de l'Etat français intervient en réponse surtout à «une action de la famille universitaire française qui avait envoyé des pétitions au président français lui demandant d'ouvrir les archives et surtout la levée des restrictions qui avaient été faites concernant ce qu'ils appellent «secret défense». En filigrane, ce n'est point une réponse à la demande algérienne qui a toujours réclamé la «totalité» des archives de la période coloniale (1830-1962) la concernant.
Ainsi, Abdelmadjid Chikhi a relevé l'importance d' «attendre les dispositions qui seront prises sur le plan législatif comme le souligne le communiqué de la présidence de la République française et sur le plan réglementaire vis-à-vis de ce qui est appelé secret de défense nationale et également le respect de la Sécurité nationale et d'un certain nombre de contingences que tous les Etats sont tenus de respecter». Et de reconnaître que l'accès sera «un peu plus ouvert, surtout que la période concernée (1920-1970) est une période très importante pour l'histoire de l'Algérie».
Une période ayant connu la gestation du Mouvement national, et, notamment celle d'avant le Centenaire de 1930 où «la colonisation s'est exprimée d'une façon assez abjecte et fêtait une centaine d'années de misère et d'application de lois très dures vis-à-vis des Algériens», note le DG des Archives nationales. Et de citer d'autres périodes 1942-1943 (Manifeste du peule algérien) ainsi que celle de 1945 (manifestations réprimées dans le sang). «Donc, il y a un certain nombre de faits très importants et nous sommes dans la période la plus dense de l'histoire de l'Algérie en matière de politique et en matière de rapport entre l'Algérie et la France», a-t-il souligné. Tandis que l'historien Mohammed Ould Si Kaddour El-Korso a estimé que «sur le plan du principe, cette décision est un geste positif qui s'inscrit dans le dégel des relations entre l'Algérie et la France, et je ne peux que la féliciter». Tout en exprimant des «appréhensions» quant à d' «éventuels» blocages concernant son application, l'historien note que la décision est, pour l'heure, «politique et non administrative». Dans ce sens, l'historien appréhende des «subterfuges administratifs (...), comme la non-classification de certaines archives par manque de personnel ou une sélection préméditée de ces documents», soulignant l'importance «extrême» des documents liés à la torture, aux exécutions sommaires ou encore celles se rapportant à la bataille d'Alger.


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