Algérie

Ce n'est pas l'argent des contribuables



Tous les pays arabes, dont le nôtre, doivent aujourd'hui leur instabilité à l'éloignement des débats et du dialogue de la société. Débattre franchement est considéré comme une des composantes essentielles d'une politique de subversion. A quoi l'Etat devrait-il s'attendre quand les débats ont déserté les enceintes parlementaires et ne trouvent même pas, en compensation, une location dans le tube cathodique ' Il y en a tant en position de titulaires du pouvoir de décider qui ont tout fait pour que l'économie et la politique soient placées en dehors de l'intérêt des populations, afin que ces dernières ne s'y intéressent pas et ne s'occupent pas à trop questionner l'avenir. Il est parfois trop dangereux, n'est-ce pas, de faire d'un individu un citoyen. Trop dangereux car ce nouveau citoyen voudrait assumer sa citoyenneté et en conséquence se mettre dans la tête qu'il est temps de réclamer la chute du système et du régime qui en profite. Il fut un temps où on rappelait souvent que le citoyen devrait en tant que contribuable s'inquiéter de la façon avec laquelle les pouvoirs publics gèrent les dépenses publiques. Mais, comment convaincre les contribuables que c'est leur argent qui est dépensé quand on ne cite que le niveau des ressources en devise dépensées, alors qu'on ne cite pratiquement jamais le niveau des ressources provenant des impôts ' On n'a pas à s'en faire pour s'intéresser de trop près aux dépenses publiques et même au gaspillage ou à la corruption, quand on n'a pas trop conscience qu'il s'agit de notre argent. Les citoyens savent que leur économie est financée par des ressources naturelles non renouvelables, et de ce fait, n'ont pas encore intégré la notion de contribuable et en conséquence , ne risquent pas de " de se mettre en mouvement " pour demander des comptes, et cela continuera tant que les populations persistent à penser que c'est l'argent du pétrole qui est mal dépensé ou qui est détourné pour le placer dans les banques étrangères et pas le leur. N'est-ce pas que c'est lorsque le débat est chassé des institutions qu'il est alors pris en charge justement à des fins de subversion ' Nous pouvons dire alors que ce sont les institutions qui fournissent même involontairement les opportunités aux sergents recruteurs de la subversion. Le citoyen n'a pas donc trop à s'en faire pour s'intéresser de trop près aux dépenses publiques et même au gaspillage ou à la corruption car il n'a pas conscience qu'il s'agit de son argent, c'est-à-dire des impôts. Le citoyen n'a pas intégré la notion de contribuable et peut être que cela continuera ainsi jusqu'à ce que les menaces les plus dangereuses soient perçues comme provenant des intérêts liés aux champs pétroliers. Qu'est-ce qui divise encore, qu'est-ce qui crée de l'inflation, comment sont gaspillées les ressources du pays ' Ce ne sont pas des thèmes qui, pour le moment, induisent un débat public, mais les frustrations qui s'accumulent devraient susciter le plus grand intérêt des pouvoirs publics, voire de l'inquiétude. Les grèves dans les différents secteurs ne sont pas coordonnées pour leur donner un caractère politique, mais cela risque bien d'arriver. Nombre d'observateurs pensent qu'il y a une indigence de débat ou de recherche collective et concertée, ce qui explique l'absence de coopération sur le plan intellectuel. Mais ,tout est trop immédiat en termes de besoins à satisfaire. Trop immédiat signifie le sacrifice du futur sur l'autel des intérêts présents. Il est difficile de convaincre les populations qu'il y a des thèmes de politique et d'économie qu'il faudrait investir pour amener les parlementaires à prendre position en faveur des électeurs et non de leurs partis ou d'intérêts politiciens. Les élus parlementaires et ceux qui n'ont pas été élus n'arrivent pas ou ne veulent pas ouvrir le débat sur ce qui se rapporte au débat de fond sur le fonctionnement de l'économie, sur le choix des options, sur le contrôle des dépenses de l'Etat, sur la fuite des capitaux, les transferts illicites, sur la corruption.


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