Ily a trop de partis politiques au Nord au point où, l'Etat s'en déleste et si peuau Sud au point où, cela va poser problème un jour ou l'autre. Car, pour lemoment, le Sud algérien reste représenté en Algérie par le pétrole, lesmultinationales et quelques émeutes cycliques. Dernière en date, une protestabrève et violente du côté de Hassi Messaoud, rapportée par l'un de nosconfrères, avec le même scénario rodé : une route coupée, prise d'otage d'unespace public, un fonctionnaire de l'organisme d'emploi blessé puis démis deses fonctions et une liste de revendications que l'on peut résumer à la demandede recrutement sous la forme d'un quota fixe et d'un droit au partage desrichesses sous formes de salaires. Ainsi, et si les Algériens n'ont pas encoreinventé le sit-in à l'intérieur des pipe-line pour mieux faire entendre leurvoix, on est quand même un peu proche dans le fond, et pas dans les formes, desprises d'otages nigérianes qui hypothèquent le pétrole de ce pays et menacentses productions par des opérations de pirateries et de revendications violentesde pourcentage sur la rente. Pour le moment donc, le wali du coin a reçulonguement les protestataires de cette commune du Sud et l'Etat a promis derecruter plus vite et en grand nombre. En face, les sociétés pétrolièresvisées, celle nationale ou celles étrangères, posent le problème sous formed'une sous-compétence des prétendants et celui des besoins réels qui imposentdes critères autres que ceux du « socialisme » du recrutement et du bénévolatdans l'octroi des postes. Le tableau étant donc celui d'une fausse solution oud'une solution algérienne pour le Sud qui n'a pas encore été inventée. Les «locaux » réagissent de plus en plus selon les règles d'un impôt de postesd'emploi exigés en contrepartie de la « stabilité » et du calme autour deszones industrielles, l'Etat y répond par une bureaucratie de recrutement quiporte ses vices de fonctionnements et ses effets d'appels à la corruption ou àl'abus de confiance dans les agences agréées, et les multinationales par dessortes de politiques de mécénats sociales encore peu suffisant et incapables decontenir le courant des demandeurs. Ajouté à une fausse représentativitépolitique qui a longtemps confondu le statu-quo avec une sociologie supposée depopulations du Sud voulues comme « gens calmes » avec des réactions de cartespostales, une mauvaise prise en charge des demandes sociales et une absence devision à long terme pour des développements régionalisés réels, cela donne letableau clinique d'une explosion annoncée que rien ne pourra contenir et quirisque de peser sur l'économie du pays en augmentant les clauses de sécuritésde contrats avec les investisseurs étrangers. La nouvelle loi sur leshydrocarbures a peut-être été pensée pour sauver les ressources du pays,assurer de meilleurs bénéfices plus équitables et protéger nos puits, mais illui a toujours manqué ce volet de prise en charge politique du Sud dontpeut-être elle n'est pas responsable mais dont elle devait être l'extension etpas seulement l'écran un peu trompeur. Le problème du Sud n'étant pas en effetla donne sécuritaire que l'Etat a réussi à cerner et à isoler, ni les filièresde Marlboro qui lui résistent ni l'immigration clandestine qui n'en fait pas sadestination mais bien ce mélange de réflexes inefficaces entre des sociétés quiveulent dédouaner leur fastes par des dons d'instruments de musiques distribuésà des populations sans chants, des chômeurs qui considèrent l'emploi non commeune conquête par les compétences mais comme un droit à la rente et un Etat quicroit avoir résolu la crise par des organismes dont les insuffisances et lescorruptions sont celles-là mêmes dont souffre tout le pays et sa mécanique de développementet de lutte contre le chômage et la misère. Le Sahara avance mais sa crise avance encoreplus vite vers le nord.
Posté Le : 21/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com