Algérie

Ce n'est pas ce Targui



Ce n'est pas ce Targui
Après quatre heures de débats, interrogation, témoignage, réquisitoire et plaidoiries, le targui est innocenté!
Antikane Mansouri est un enfant de Tamanrasset qui adore jouer avec le trafic d'armes. Il se déplace un peu partout: du sud de Tam au nord... de Aghrib (Tizi Ouzou). Eh bien, ce fournisseur d'armes s'est trouvé (peut-être involontairement) mêlé à la plus grande crapulerie criminelle qu'a eu entre les mains la cour de Tizi Ouzou. Et il y a quelques mois, Mansouri, présumé revendeur d'armes au gang le plus sanguinaire de la région de Azazga, s'est trouvé au milieu du dossier des ravisseurs et tueurs de Hend Slimana, cet entrepreneur estimé de tous en Kabylie. Les ravisseurs avaient aussi enlevé le cousin de Hend, Omar, relâché par la suite. Condamné à une peine de 20 ans de réclusion criminelle, Mansouri qui était alors en fuite, avait dû apprendre que son acolyte Djamel S. (condamné par contumace à la peine capitale) était lui aussi dans la nature.
La famille de Slimana, par la bouche du collectif d'avocats avait, au moment du procès, dénoncé le traitement peu sérieux du dossier concernant la bande criminelle agissant sur tout le territoire avec une résonance nationale. Quel est l'Algérien qui n'a pas eu le sang glacé en apprenant ces séries de kidnappings, de vols, de crimes commis souvent avec une rapidité déconcertante laissant assez souvent sur le carreau les enquêteurs les plus intrépides. Mais comme aussi, il arrive que le fameux adage «la plus belle femme ne peut donner que ce qu'elle a», Maître Zaïdi, Maître Chikhaoui et Maître Aït Larbi n'ont rien laissé passer: «C'est bien pour nos enquêteurs de bomber le torse et que les citoyens en parlent en termes élogieux. Et dans cette affaire, il n'y a pas lieu de pavoiser car les ratés sont légion et nous n'avons pas les vrais commanditaires tapis dans l'ombre!», s'était exclamé, en octobre 2012, le soir de sa plaidoirie en faveur de la famille Slimana, partie civile, l'avocat de la rue de la Liberté.
Le trio de conseils des Slimana avait déployé de louables efforts en vue de voir la vérité sortir des sentiers battus. Or, aujourd'hui, les trois avocats ne peuvent prétendre représenter les Slimana pour une stupide histoire de procédures. Mais la suite du procès allait être autre...
La chambre d'accusation à l'époque n'avait pas retenu contre Mansouri Antikane le crime de complicité de crime, mais celui de trafiquant d'armes et de munitions de guerre. Pour Maître Amor Zaïdi, venu observer le procès «c'est à l'Etat, donc le ministère public de se constituer partie civile.» Cela résumait toute la détresse de la famille Slimana dont Saïd le frère et M'hana, l'aîné de Hend, regrettaient les ratés du parquet dont les éléments savent beaucoup de choses. Ligotés par le devoir de réserve, Maître Mokrane Aït Larbi s'est limité au constat que Antikane n'était poursuivi que parce qu'il a revendu les armes au groupe de malfaiteurs. Et encore faut-il que ce soit lui! «Personne ne peut prouver que Antikane savait contre qui ces armes allaient être utilisées. Et mercredi, l'ambiance dans la cour de Tizi Ouzou n'était pas aussi animée que lors du procès de Hlifi et ses acolytes, le 25 octobre 2012. Nous sentions l'absence d'atmosphère électrique. Même Farida Bouamrane, la présidente était pimpante juste après avoir achevé le premier dossier en criminel, concernant le vol d'un restaurant de collégiens. Elle était encore fraîche à l'issue des délibérations vers les douze heures et quelques minutes.
Entre-temps, des proches de Hend étaient tristes à l'idée d'assister à un procès où la mort violente, le rapt, la crapulerie devaient être révoqués sans pour autant en savoir un peu plus sur la souricière tendue à Hend Slimana, le jour le plus noir de la famille, de la région et même du pays. A près d'un semestre après, Farida Bouamarane va devoir revenir au premier procès d'octobre 2012 qui a vu le tribunal criminel de Tizi Ouzou condamner
14 accusés ainsi: huit à la peine capitale et six autres peines allant de 3 à 20 ans. D'ailleurs, au cours des débats, l'assistance avait été «sonnée» par une fracassante déclaration émanant du cerveau des crimes, Saddek Hlifi, lequel avait «suggéré» de convoquer les personnes qu'il venait de nommer et derrière qui se terrent d'importantes personnes qui savent tout. Et de balancer à la face de Bouamarane: «Il y a des choses qui vous dépassent, madame la présidente», un lourd silence avait accueilli ce défi déguisé. Mais ligoté par l'arrêt de renvoi, le tribunal criminel ne peut aller au-delà de la vallée de la vérité nichée dans le dossier du jour. C'est ce qui explique l'absence de réplique de la juge qui a dû se morfondre au plus profond de ses tripes et maudire les procédures qui ligotent les juges les plus motivés! Et c'est précisément le statut de Hlifi, un condamné cadre intellectuel, bardé de bagages qui pousse à la révolte quant au bâclage du dossier, selon les avocats de la partie civile. Et aujourd'hui, avec Mansouri, la justice peut aller au fond des choses. Peut-être bien que... La rapidité avec laquelle le tribunal criminel a liquidé cette affaire, démontre que les vrais commanditaires et ce vrai fournisseur de l'arme qui a tué Hend Slimana, courent toujours. A moins d'un miracle, la justice n'est pas encore faite autour de ce drame qui a plongé le pays dans l'angoisse, la colère, la peur et la recherche d'une soif de... vengeance sur le destin.


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