Lors d'une des conférences nationales centrées sur l'entrepreneuriat des jeunes, le président de la République n'a pas trouvé de mots assez forts pour qualifier la bureaucratie tentaculaire qui freine le décollage économique du pays. Le chef de l'Etat qui conversait avec un porteur de projet a dit que la bureaucratie était son ennemie jurée, comme elle l'est pour les opérateurs économiques qui en souffrent à chaque tournant. L'aveu présidentiel vaut, en réalité, une déclaration de guerre contre un fléau qui, corruption aidant, a gan- grené des pans entiers de l'administration, jusqu'à devenir une «seconde peau» pour les Algériens. Les bureaucrates et, accessoirement corrompus, semblent tenir la dragée haute à l'Etat et se permettent de le défier en «annulant» des décisions majeures tendant à lutter contre le monstre bureaucratique. Dans la vie quotidienne des Algériens, les exemples pullulent. Dans l'administration foncière, au niveau de certaines Recettes des impôts, dans diverses autres administrations, les citoyens souffrent le martyre face à des préposés aux guichets qui rejettent leurs dossiers au motif de l'absence de pièces administratives, pourtant rendues caduques par des décisions ministérielles, voire présidentielle, parfois. Le cas du casier judiciaire et de l'acte de naissance qui ont fait sortir le ministre de la Justice de ses gonds témoignent de la force indécente d'un monstre tentaculaire qui fait mettre «genou à terre» des institutions de la République. Le propos quasi colérique du président Tebboune, les mises en garde répétées du médiateur de la République et les dénonciations continuelles des Algériens dans les réseaux sociaux, les médias ou carrément face à des chefs de service n'ont visiblement pas «retourné la situation» qui demeure encore à l'initiative de la faune diffuse de bureaucrates, donnant la nette impression que toutes les bonnes volontés tapent avec de petits objets en plastique contre un immense mur en béton armé.L'image est peut-être un peu «forcée», mais lorsqu'on sait que des milliers de dossiers d'investissement sont en attente depuis des années, par la faute d'une lenteur bureaucratique inadmissible, sans que l'on puisse au plus haut niveau débloquer des situations injustement inextricables, l'on se sent l'obligation de «forcer le trait», histoire d'alerter sur la gravité d'une situation susceptible de conduire à un point de non-retour, quant à la stabilité du pays. Même si l'expression «sécurité nationale» peut paraître exagérée, il est tout de même révoltant de constater qu'une opération d'exportation d'une valeur de 5 millions de dollars a échoué à cause de bureaucrates très appliqués dans leur métier.
La guerre que mène l'Etat contre ses propres fonctionnaires est-elle perdue' Les récents exemples dans l'Industrie où des dizaines d'opérateurs économiques attendent un précieux sésame pour démarrer leurs activités, en raison d'une réglementation bureaucratique, poussent-ils au désespoir' La réponse est doublement «non». Les initiatives concrètes de numérisation sont autant de victoires sur les bureaucrates et les corrompus, mais cela reste insignifiant devant la puissance du monstre bureaucratique qui, en de multiples occasions, a réussi à casser la dynamique de modernisation de la machine administrative. Combien d'opérations ont été échouées exprès pour permettre aux corrompus de rester dans la course' Très nombreuses.
La guerre qu'engage l'Etat, avec à sa tête le président de la République, n'est pas perdue, mais l'ennemi est coriace. Il continue à marquer des points, jusqu'à désespérer des citoyens, des hommes d'affaires, mais pas les institutions de la République. Celles-là doivent combattre. Il y va de la survie de la nation. Le monstre ne mangera pas l'Algérie.
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Posté Le : 17/03/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com