Ce Grand-Sud tant méconnu

Les agents de voyages ayant pris part à l'éductour organisé dans le Tassili-Hoggar sont unanimes quant à la nécessité d'organiser un grand plan de communication pour promouvoir la destination Tamanrasset. Ils regrettent que ces sites restent méconnus et appellent l'Etat à s'engager davantage dans ce travail de communication pour mieux faire connaître cette destination. « Nous devons beaucoup investir en mettant en place un grand plan de communication et de publicité pour promouvoir la destination Algérie et particulièrement le Grand-Sud », a estimé Mouloud Youbi, DG du groupe Youbi du tourisme et voyages. Pour lui, les agences de voyages ont besoin de la main forte des pouvoirs publics. « Nous avons besoin de l'aide de l'Etat et de l'ONT dans cette démarche, dans la mesure où leur mission est de promouvoir cette destination. Les médias doivent s'impliquer davantage et massivement dans ce travail », a-t-il ajouté. « Il y a un manque flagrant dans la promotion médiatique du tourisme saharien, notamment dans l'extrême sud du pays qui demeure une région marginalisée et abandonnée. Nous souhaitons un changement de regard des pouvoirs publics et de la population sur Tamanrasset », a dit Issam Mekroud, représentant de City Light à Mila, qui vient de rentrer de Tunis après avoir effectué un circuit touristique dans le Sahara. « Mon regard a changé en faisant une petite comparaison entre les deux déserts. Un mètre carré du Sahara algérien vaut tout le désert tunisien », a dit Mekroud. Impressionné par le défilé des paysages et le changement des couleurs, cet agent est reste bouche bée. « C'est fantastique. Il m'est impossible de décrire ce que je vois. Ce sont des tableaux artistiques. » « Il y a un manque en matière d'information et de sensibilisation, car l'Algérien est un très bon consommateur de tourisme. Il est mal orienté et mal sensibilisé. Outre les médias, les agences de voyages doivent faire ce travail de communication. Par manque de professionnalisme, certaines agences ne consacrent pas un chargé de communication d'effectuer ce travail de promotion », regrette Belaïd Aït-Abbas, directeur de l'agence « Assamar tourisme et voyages » de Bouira. Mekroud a sa petite idée sur les actions à entreprendre pour capter l'intention des touristes. « Nous allons commencer par publier des spots publicitaires sur nos sites et nos réseaux sociaux. Nous allons ramener des Tunisiens à Bejaïa à qui nous allons proposer Tam comme prochaine destination. » Cet agent compte sur « le grand potentiel de clients » de l'agence. « Nous allons tenter de les convaincre de changer de destination pour les ramener à Tam et je demande aux Algériens de venir à Tam qui est un paradis sur Terre. C'est un terrain vierge », a-t-il indiqué. « J'utiliserai tout ce que j'ai vu et vécu pour ramener le touriste national vers ces sites. Il s'agit de convaincre nos clients de l'originalité de cette région. Je présenterai mes photos et vidéos. Je ferai du porte-à-porte. Je me rapprocherai des entreprises nationales, des ?uvres sociales pour organiser des voyages en groupes. Il s'agit de cibler la clientèle et de mettre un plan de communication pour atteindre cet objectif », a indiqué Aït-Abbas.Fausse idée, fausse image« L'Algérien est un touriste de première catégorie par excellence. Il apprécie et dépense beaucoup, mais il a, malheureusement, une fausse idée sur les destinations algériennes que nous sommes tenus de corriger », a indiqué Youbi, estimant que son agence, à travers tous ses représentants, va ?uvrer à « la commercialisation de cette destination ». « Personnellement, Tam est ma nouvelle destination. Je ferai le maximum sur les réseaux sociaux pour capter les touristes », a-t-il dit. « Oui, il y a cette contrainte que le touriste algérien aime le luxe et le repos, mais je pense qu'il y a parmi eux des gens capables de vivre ces aventures pour aussi se relaxer, s'évader et se détendre », a estimé Ali Mnasser, de l'agence Labib Tour de Batna. « Je pense que le bivouac et la longueur des trajets n'arrangeraient pas beaucoup la famille algérienne. Il faut donc apporter des changements dans le circuit ou les distances pour les adapter à cette frange. Il faut spécialiser les circuits et diversifier l'offre afin de pouvoir toucher les familles, les enfants, les jeunes », a indiqué Aït-Abbas, regrettant que « l'extrême Sud soit encore méconnu ». « L'Algérien connaît Biskra et Ghardaïa, mais je ne crois pas qu'une expédition de ce genre va le déranger », a-t-il ajouté. Amira Lamouti Bentrioua, de l'agence Follow Me Voyage à Alger, est catégorique. « Finalement, le tourisme saharien est un tourisme haut de gamme et on essayera après cette aventure de promouvoir cette destination auprès de nos clients », a-t-elle précisé. Il s'agit, selon elle, de « faire du marketing pour vendre ce produit méconnu et n'ayant pas été considéré à sa juste valeur ». Le travail doit se faire en « convainquant nos clients que le désert algérien est finalement meilleur que toutes les autres destinations en vogue actuellement ». Ce travail doit concerner les jeunes qui « aiment l'aventure et la découverte ». « Je pense finalement que les habitants du nord du pays sont attirés par ce genre de destination exotique » a-t-elle dit, précisant que l'Algérie a « le plus beau désert au monde. Il est plus beau que toutes les images diffusées sur ses paysages ». Mnasser estime que la cherté du billet d'avion est la grosse contrainte qu'il faut lever. « Nous devons nous battre tous pour la révision des tarifs des groupes en attendant les vols charters. Pour le reste, je pense que les agences du Nord et du Sud sont prêtes à faire baisser les prix et avoir des prix compétitifs par rapport aux autres circuits ». Se référant à sa longue expérience dans ce domaine, Aït-Abbas ne partage pas l'opinion selon laquelle l'Algérien est exigeant. « Quand les gens trouvent des infrastructures comme le camping d'Akar Akar ou Caravane Sérail, ils sont prêts à payer sans négocier. Le plus important pour eux, ce sont la propreté des lieux, la beauté et le service offert », a-t-il expliqué.