Algérie

Ce gentleman...



Décédé le 22 mars à l'âge de 72 ans, il laisse une image émouvante.Par deux fois, durant l'été 1979, il a goûté le couscous de ma mère : farine roulée à la main dans un grand plat en bois dur, sauce à la tomate, viande, courgettes, navets et du lait en plus. Et, par hasard, plus tard, je découvre durant mes pérégrinations du côté des Djebel El Halfa (Béni Aziz), toujours sombres, comme au temps de l'atroce guerre des «sept ans de destruction», la mechta, presque abandonnée, des Bechikh, ceux de Beni Sekfel, ces monts gardant toujours, à même leurs flancs abrupts, leur histoire emplie d'exploits d'hommes et de femmes rares de nos jours. Et là, le rapprochement est vite fait avec la famille de Osman Bechikh, pensée furtive en pleine vérité de la campagne.Peu prolixe, taiseux parfois, il était un seigneur en son domaine, celui de la Cinémathèque, calme et poli, le regard clair et perçant. Intelligent et timide presque, il se tenait à distance des feux de la rampe locale. Il aurait pu être pourtant l'acteur de toutes les sitcoms, fades séries et autres films vite oubliés. A chaque édition du festival du cinéma amateur, Osman nous recevait à bras ouverts, discutant calmement avec chacun et chacune (car il y avait aussi des femmes cinéastes dans le mouvement amateur). Osman était un intellectuel discret, à l'image de son personnage dans le film Kahla ou Beïda, plein de ressources cachées, mais attachant dès le premier contact.A nous, les cinéastes amateurs, il avait donné, à chaque festival, boosté par Boudjemaâ Kareche, de l'espoir à toujours filmer, même gauchement (c'est voulu ! comme répondaient certains cinéastes aux critiques), avec des flous parfois mais, au final, souvent, des films courts et surprenants.Osman Bechikh et les deux Ahmed (Agoumi et Benaïssa) formaient un trio du tonnerre dans Kahla ou Beïda, ce film-culte de AbderrahmanBouguermouh. Un film, un réalisateur et une équipe à qui j'ai souhaité (promesse faite à Abderrahman de son vivant) qu'on leur rende hommage. Et cela s'est fait dernièrement à Sétif, sans la présence, hélas, de Osman Bechikh, ce gentleman du cinéma et de la vie.




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