Algérie

CCF d?Alger



Le rapport religion-mondialisation au scalpel La mondialisation et la religion, un couple qui ne laisse guère indifférent. Alain Gresh, spécialiste reconnu du monde musulman, et le « praticien » Bentounès ont été invités jeudi au CCF d?Alger pour débattre de ce thème. Le rédacteur en chef du Monde diplomatique rappellera les conditions de l?émergence en Occident de la menace liée à l?Islam. Bernard Lewis, bien avant Huntington et son Choc des civilisations, s?est ingénié depuis les années 1970, insiste Gresh, à mettre en évidence dans ses écrits la montée en puissance de l?Islam politique et ses répercussions sur les sociétés occidentales. venus plusieurs années après, les néoconservateurs qui avaient leurs entrées dans l?Administration ont su, à en croire le rédacteur en chef du Monde diplomatique, profiter des événements du 11 décembre 2001 et prendre des forces. La menace liée au bloc de l?Est écartée après la chute du mur de Berlin, et les « néoco », proches des Bush, ont mis en exergue la menace d?un Islam militant, considéré comme le Mal absolu. La communauté musulmane a été prise par ces idéologues comme un bloc monolithique sans le moindre respect des aspirations des habitants de cette aire géographique. Sans une réelle démocratie, les sociétés musulmanes ne peuvent sortir de l?ornière. Natif d?Egypte, Gresh battra en brèche les thèses défendues en Occident ; celle surtout liée à une menace « intérieure » liée à la présence de musulmans. Pour le conférencier, pas toujours compris par un public guère averti, il y a eu une préparation idéologique poussée des populations en Occident pour rejeter cette communauté qui s?est retrouvée au c?ur même de l?Occident à la faveur des différentes migrations. Le multipolarisme à venir aura à mettre un terme au penchant hégémonique d?une Amérique en perte de vitesse. Le parcours du journaliste ne peut laisser indifférent. Spécialiste reconnu du monde arabe, Gresh travaille toujours sur le conflit israélo-palestinien et, depuis peu, sur l?émergence de l?Islam dans les sociétés occidentales. Représentant de la tariqa alawiya à Mostaganem, le deuxième intervenant, cheikh Khaled Bentounès, assure qu?il faut se regarder dans la mémoire et ne pas voir dans « l?autre » les raisons des déboires actuels. Les soubresauts actuels s?expliquent par cette violence prégnante chez l?individu arabe. L?intolérance que l?on retrouve partout ne peut faciliter l?émergence des sociétés libres et démocratiques. Les courants réformistes qui ont vu le jour en Occident ont été dévoyés ou ont perdu de leur influence au fil du temps. Le wahabisme, considéré longtemps comme une hérésie, est redevenu l?orthodoxie à laquelle s?attachent des pans entiers de sociétés. Ceux qui ne s?y conforment pas doivent être excommuniés. « Je suis persuadé que l?homme de demain sera rattaché à une tradition, mais se sentira l?héritier de toutes. La modernité, si nous savons la gérer, peut déboucher sur l?universalité », atteste Bentounès. L?Islam asiatique, tolérant, est l?alternative « valable » aux groupes intégristes qui ont pignon sur rue dans le monde arabe. Devant animer le débat, M. Meddeb n?a pas pris part au débat. La conférence qu?il devait animer la veille a été reportée.


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