Cavalli, amères retrouvailles

? Il avait pourtant coché ce double rendez-vous dans son agenda bien rempli, s'enthousiasmant de recroiser la route d'une sélection à la tête de laquelle il vécut ses deux plus fortes émotions à l'échelle internationale.Mais si face aux mastodontes sud-américains, le Brésil et l'Argentine, il s'en était plutôt bien sorti en 2007, perdant avec les honneurs par deux (0-2) puis un (3-4) but d'écart, Jean-Michel Cavalli en a pris 10 devant cette Algérie qu'il chérit tant.
Le Corse piaffait d'impatience à l'idée de revenir à Alger. Bien que mesurant parfaitement la difficulté de sa mission au gouvernail d'un sans-grade du continent, il ne pouvait pas s'empêcher de nourrir le fol espoir de "réussir quelque chose de grand" face au champions d'Afrique en titre.
Il aspirait à surnager, quand bien même à contre-courant. Torpillé par l'impitoyable armada de Belmadi, il coulera et touchera même le fond.
Sa désillusion aura, finalement, été à la mesure de son ambition : doublement démesurée, comme l'aura été le score, à Blida comme à Niamey, de la terrible punition qu'a reçue le Niger voisin.
Les 20 premières minutes sur l'herbe défraîchie de Tchaker suggéraient, paradoxalement, la possibilité du scénario rêvé par Jean-Michel Cavalli : bloquer la team Belmadi et la piéger à travers les mailles d'un schéma ultra-défensif en attendant un éventuel contre rapide qui dessinerait les contours d'un miracle à la nigérienne.
Ce qui était imaginé alors comme un chef-d'?uvre tactique tournera, cependant, rapidement au fiasco d'un métrage aussi court que les idées des défenseurs du Mena.
La déferlante verte avait frappé là et quand ça fait mal. Exactement comme l'aurait voulu Cavalli s'il avait été de ce côté-ci de la barrière. À sa grande déception teintée de nostalgie, il était finalement adversaire de "son" Algérie pour ce qui lui laissera le goût de retrouvailles amères.

Rachid BELARBI