Algérie

Cauchemardesques mille et une nuits



Cauchemardesques mille et une nuits
El Layla el akhira baâd el alef» est la deuxième production du Théâtre régional de Saïda, en l'espace d'une quinzaine de jours, depuis qu'il est devenu opérationnel.
Saïda
De notre envoyé spécial
Ce palimpseste adapté de El leyla el akhira oua dik al jane, de Ferhane Boulboul, augure positivement de ses ambitions. Pour rappel, ce type de pièce est une réécriture qui travestit la trame d'un texte bien connu du public pour en faire surgir le non-dit ou lui faire dire tout autre chose. Adaptée par Mohamed Mostefaï et mise en scène par Mansouri Lakhdar, la pièce du dramaturge syrien ne se limite pas à rapporter les péripéties de «la dernière nuit après la millième», selon la traduction littérale de son titre. Elle reprend le célèbre conte de Shahrazade, en l'expurgeant de toute féerie, confrontant l'héroïne à Shahrayar dans une sordide intrigue. Assurément, le prétexte théâtral est de premier ordre, nécessitant cependant quelques réajustements pour ne se coltiner qu'à une idée plutôt que de se disperser à en prospecter plusieurs : choisir le prisme féministe du point de vue d'une Shahrazade manipulatrice pour la bonne cause, ou plutôt l'analyse politico-psychanalytique, en focalisant sur le triste sire qu'est Shahrayar.
En évitant de faire les bouchées doubles, la pièce gagnerait en mordant. Moins verbeuse, ramassée sur l'essentiel, elle ferait gagner en rythme le spectacle, réduirait le statisme de sa mise en scène et aurait donné à la chorégraphie de Slimane Habbès d'être plus percutante et moins dans la redondance de l'écriture scénique. Enfin, l'âpreté du conflit, qui débute assez tardivement, aurait été plus marquée en optant pour la tragédie plutôt que pour le drame. L'interprétation est plus attrayante pour les seconds rôles plutôt que pour les premiers. Merzouk Saïdi, en Shahrayar, n'a pas convaincu pour s'être longtemps éloigné des planches.
Sarah Rezika, en Shahrazade, était moins guindée que lui, mais l'un et l'autre auraient été mieux inspirés en faisant montre d'intériorité dans le jeu. Par contre, l'agréable surprise a été Adar Mohamed qui, depuis quelque temps, est en train de réaliser une nouvelle carrière d'acteur. Comparativement à ses partenaires, il a fait véritablement 'uvre de création d'un personnage, un cadi entre obséquiosité et fourberie. Belkeroui Abdelkader a fait preuve d'une présence juste dans un rôle dramatique. Trouvaille séduisante de Mansouri : un goual' muet en la personne de Abdelkader Dahmani, alias Wato. Ses apparitions ont scandé le spectacle, à l'instar d'une ponctuation, faisant respirer le spectacle.




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