Algérie

Catholiques ou pas, ce sont mes compatriotes libres !



Je suis athée, profondément athée, et j’ai vécu la douleur de l’oppressante religion pendant cinquante-cinq ans de ma vie. Très tôt, on m’a annoncé que j’étais musulman, puis on m’a dit que j’étais Arabe et socialiste et puis encore et encore... On n’a cessé de me dire qui j’étais et ce que je devais penser. Dans le parcours épuisant de ces longues années, je me suis battu pour affronter la bêtise et le danger d’une pression morale qui voulait diriger mon esprit de discernement. Ils se sont épuisés à le faire sans résultat autant qu’ils m’ont épuisé, je dois l’avouer.  Tout au long de ces années, moi, je voulais leur dire que j’étais tout simplement moi-même et que j’aimais passionnément ce pays où je suis né, sans qu’il soit besoin de déclamer des professions de foi à s’en époumoner. J’ai d’ailleurs bien constaté, de l’étranger, que ceux qui faisaient un étalage outrancier de leur nationalisme ou de leur foi n’ont jamais eu d’état d’âme lorsqu’il s’est agi d’investir ou de résider dans les pays impies et ennemis. J’ai affronté cette chape de plomb religieuse, me suis profondément protégé contre le racisme et le sort réservé à mes compatriotes berbérophones, et écrit sans relâche ma détestation de ce régime politique infâme. Au nom d’une certaine justice, difficile à faire comprendre, j’ai même refusé de me ranger aux côtés de l’opinion générale consistant à se convaincre que la barbarie des groupes armés justifiait que l’on se rangeât derrière le joug des militaires. Il est donc naturel, quelles que soient mes opinions vis-à-vis de toutes les religions, que je m’indigne face au sort réservé à des compatriotes qui ont choisi un autre culte, une autre philosophie, un autre dogme. Il ne m’appartient pas de les juger, je n’en ai d’ailleurs aucunement l’intention. L’état d’âme d’un démocrate doit être sans faille, et aujourd’hui comme hier, je m’insurge contre l’acharnement contre des citoyens qui ont un droit inaliénable d’adhérer à un culte religieux, moral ou idéologique, ou d’ailleurs le réintégrer si l’histoire est telle. Rien de plus lâche que de couvrir sa bêtise derrière un dogme religieux censé être partagé par tous. Ils sont catholiques, et alors ' Je suis bien athée, résolument athée. Et c’est sûrement pour cela que l’on m’a lu dans les tribunes algériennes à défendre, non pas l’intégrisme barbare (attitude dont on nous a accusés si facilement) mais la liberté pour des millions de personnes à se réfugier dans une religion pour manifester leur colère face à un régime brutal, barbare et sans concession. C’est cela qui m’a amené à essayer de comprendre le soulèvement des populations dans ses débuts. Il m’en a coûté beaucoup car je suis radicalement à l’opposé de leurs positions, à un point qu’on ne peut imaginer. Mais à cet instant, à cet instant seulement de leur histoire, ils manifestaient leur rage devant un régime qui les a outrageusement bafoués. Lorsque l’on s’érige en juge (et qui sommes-nous pour le faire ') il faut tout mettre sur le banc de l’accusation, pour autant que ce mot ait un sens. Je suis outré du sort et de l’acharnement envers des compatriotes qui ne demandent qu’à vivre leur vie paisiblement, dans une croyance de leur choix. Cette croyance m’importe peu, je ne la partage pas mais tout démocrate doit être au côté de ceux qui ont une opinion. Que m’importe, je l’ai déjà dit dans une publication précédente, les raisons qui poussent ces compatriotes à se déclarer catholiques. Réalité de l’histoire, sincérité de leur foi, réaction militante contre un pouvoir qui les accable avec la pensée religieuse unique ... ' Que m’importe. La religion n’est pas l’affaire du domaine public, eux comme les autres ne m’intéressent pas par le fond de ce qu’ils déclarent être la «vérité» mais par la liberté par laquelle ils l’expriment.                               
 


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