Algérie

Catherine Camus : « Mon père a été ostracisé »



On a bien vu dans ce colloque l?engagement très pertinent de Camus dans Le soutien aux dissidents de l?est, clamant fortement que la justice et la liberté sont les valeurs avec lesquelles on ne transige pas. Cette révolte intervient alors que l?Algérie est en lutte pour sa liberté. Là, pendant ces années, Camus est bien absent. Dans le texte Terrorisme et amnistie, Camus explique qu?il a rencontré des combattants qui lui ont dit que leur pire ennemi, c?était des gens comme lui, car il les affaiblissait, que c?était plus facile d?avoir comme ennemi le colon. Il dit une chose que je trouve tellement vraie, moi, que l?intelligence des opprimés va directement à l?essentiel et ne fait pas de nuances, ce qui est évident lorsque vous êtes occupés et exploités. N?aurait-il pas pu faire plus pour l?Algérie ? Il ne le pouvait pas parce que la France ne l?a pas suivi, et que la majorité des Algériens non plus. Après sa proposition en 1956 de trêve civile, il a été plutôt protégé par le FLN que par les ultras qui voulaient le tuer. Il était complètement ligoté. Après, il est vrai, il a dit que chaque mot ajoute à la violence et il n?a plus parlé. Il a été seul. Il a été ostracisé. Il refusait d?être aussi bien avec ceux qui torturent qu?avec ceux qui posaient des bombes. C?est vrai, mais il faut lire les chroniques algériennes (actuelles ndr), et savoir qu?il a fait un nombre d?interventions incalculables pour les combattants algériens qui risquaient la peine de mort. Et la maison était ouverte. Ce sont des choses qui ne se savent pas. Que Camus était un Français d?Algérie, ce n?est pas douteux, mais mon père respectait les gens. Pour construire quelque chose ensemble, pour qu?il y ait osmose, mon père disait qu?il fallait avoir les mêmes droits pour tous. Il s?est battu pour ça. C?est dommage. Même moi, qui ai vécu à Paris mais qui suis de là-bas, je me sens tout de suite bien avec un Algérien, un Marocain ou un Tunisien, mais pas toujours bien avec un Français.


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