Algérie

Catastrophes



Catastrophes
Sans blâme, point d'éloge flatteur, disait Beaumarchais. L'aphorisme est valable en sens inverse. Il en est ainsi des autorités dont l'action publique, au service de la collectivité nationale, est sujette à désapprobation ou à louange. Dans le cas d'espèce, c'est le ministère de l'Intérieur qui a bien réagi, c'est-à-dire avec célérité. Et qui a agi comme l'exige une circonstance tout à fait sérieuse, à défaut d'être dramatique. Il s'agit du séisme au large de Bologhine, qui a endeuillé cinq familles et éprouvé des dizaines d'autres à l'aube du vendredi. Phénomène naturel qui a affecté aussi l'habitat vétuste dans nombre de communes du littoral algérois. Cette fois-ci, le ministre de l'Intérieur a fait preuve de diligence en mettant en place, dès potron-minet, une cellule de crise et en la coiffant lui-même. Dans son sillage, les autorités locales de tous les échelons, élus et fonctionnaires, une fois n'est pas toujours coutume, ont agi de conserve, sans se marcher sur les pieds. C'est assez rare pour être souligné. D'autant plus, qu'on les a vus, ministre en tête, dans la proximité attentive, ce qui n'a pas toujours été le propre des autorités locales, rarement à l'écoute, qui ne prennent pas toujours les problèmes à bras-le-corps. Et comme cette fois-ci, c'est le cas, on peut s'en féliciter même si cette action doit normalement faire partie de la banalité quotidienne. Mais comme on est en Algérie, et que la valeur travail au service du bien commun n'en est pas forcément une, l'ordinaire devient alors une exception à mettre en exergue. C'est ainsi qu'au Hamiz, à l'est d'Alger, quatre cent cinquante familles occupant des habitations précaires ont été rapidement relogées à la cite dite des 2 960 logements à Larbaa. 60 autres familles de Bologhine ont bénéficié du même traitement, alors même que l'opération de relogement se poursuivra jusqu'à mercredi pour recaser, dans de bonnes conditions, d'autres familles sinistrées. Sont concernées par ailleurs des familles de Bab El Oued, Rais Hamidou, Aïn Bénian et Bouzaréah. A chaque fois, la priorité est donnée aux occupants d'habitations classées en zone rouge, celle des vieilles demeures vouées à la démolition. Pour réaliser, dans les délais et les conditions d'évacuation les meilleures, le ministère de l'Intérieur a mobilisé mille camions, trente bus et deux mille agents. Cette fois-ci, les victimes d'une catastrophe naturelle n'ont pas été abreuvées de promesses généreuses sans lendemains qui chantent le logement neuf.A l'occasion, les autorités concernées ont réagi à temps et agi de bon aloi, conformément à la loi. Leur action aurait encore plus de valeur s'ils prenaient en charge, avec la même promptitude, le problème des habitants de l'avenue Abderrahmene Mira à Bologhine, cités ici pour l'exemple. Ces affligés permanents, mal logés dans des bâtiments menaçant ruine, ont bloqué vendredi la voie publique en l'obstruant de pneus usagés, de bouteilles de gaz et de barricades de fortune. Ils entendaient dénoncer ainsi, à bon droit d'ailleurs, l'insalubrité et la malvie. Les autorités nationales et locales auraient un peu plus de mérite si elles n'attendraient pas que survienne un nouveau séisme pour reloger des compatriotes résidant en «zones rouges». Ces Algériens vivent dans ces habitations, classées en zone de danger imminent depuis le séisme de Boumerdès (2003). Sans attendre le prochain séisme pour agir, bien des vies pourraient être épargnées. Et le problème est gigantesque qui nécessite un vrai plan Marshall, des autorités compétentes et patriotiques. Car il concerne 150 000 habitations délabrées à Alger. Au total, 450 000 dans la capitale, Oran et Constantine. De vrais travaux d'Hercule.N. K.




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