Algérie

Catastrophe financière nationale


Constat terrible du directeur de l'emploi au ministère du Travail. Dix ans après la mise en place du dispositif de soutien à l'insertion professionnelle des jeunes, aucun résultat palpable allant dans le sens de la création d'emplois durables et la fin du chômage des jeunes n'a été enregistré. Le drame est que l'enveloppe financière accordée à ces jeunes promoteurs est de loin plus importante que le montant de tous les contrats gaziers ou de construction de logements : 53 milliards de dollars. De l'aveu même de ce responsable de l'emploi au ministère du Travail, et même si 70% de cette enveloppe ont été remboursés, cela représente beaucoup d'argent dont auraient aimé disposer des entreprises asphyxiées financièrement comme Sonacome ou Sonelgaz pour engager des investissements créateurs non seulement d'emplois stables et bien rémunérés, mais surtout de plus-value en termes de nouveaux produits pour la première, et une meilleure couverture de la demande nationale en énergie pour la seconde.Beaucoup d'entreprises nationales sont actuellement dans le rouge faute de financements pour améliorer leurs produits et les rendre plus compétitifs par rapport à la concurrence, y compris Sonacome, dont les bus ont été boudés par les jeunes promoteurs pris en charge par les banques de la place au profit des marques étrangères.
Maintenant que le chiffre non définitif du soutien financier de l'Etat à ces entreprises de jeunes au travers du dispositif Ansej notamment qui avait servi seulement à acheter des autocars de transports publics est connu, il devient évident de comprendre la lente et graduelle perte de vitesse de beaucoup d'entreprises publiques, dont la Sonacome.
L'Etat a-t-il involontairement scié la branche à laquelle s'agrippaient beaucoup d'entreprises publiques aujourd'hui au bord du dépôt de bilan en accordant des prêts sans études préalables à des jeunes pour avoir une si difficile paix sociale ' Il est permis de le penser, avec cette politique sociale ruineuse de l'Etat, qui a encouragé les jeunes, à travers les facilités accordées par l'Ansej ou l'ANEM et la CNAC, à monter des entreprises bidon qui se résument à un autocar juste pour calmer le front social. Ou organiser dans le calme des élections. Ou lancer cette curieuse politique de «containement» de la crise urbaine en lançant l'idée de l'habitat social déguisé à travers la formule AADL, à un moment où les fonds publics s'érodaient au rythme de la baisse vertigineuse du prix du baril sur les marchés pétroliers.
Résultat : aujourd'hui, il y a plus de demandes de logements qu'il y a dix ans. Les sources de financement, avec l'épuisement du «bas de laine», le fameux FNR, et des réserves internationales de moins de 100 milliards de dollars, se tarissent, et les besoins créés par une politique sociale irréfléchie sont devenus tout simplement difficiles à satisfaire. Même avec le recours au financement non conventionnel. Car l'époque du baril à 120 dollars et des prêts Ansej mirobolants pour l'achat de bus de transport auprès de marques étrangères, alors que le carnet de commande de la Sonacome restait désespérément «à blanc», est aujourd'hui un douloureux souvenir. Car non seulement ces 53 milliards de dollars n'ont pas servi à juguler le chômage des jeunes ni à créer un tissu de PME performantes, mais ils ont exacerbé le phénomène.
Une véritable catastrophe financière nationale. D'autant que le même directeur au ministère du Travail reconnaît placidement que «dix ans après, les incitations aux recrutements n'ont pas répondu à nos attentes, et nous sommes en train d'engager une réflexion pour aboutir à un dispositif avec plus d'efficacité pour l'intégration durable des jeunes employés».
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