Casino, jeux et enjeux'

Le monde est devenu un vaste casino. Les tables de jeu y sont réparties au gré du ténor de la politique business, Donald Trump. Il joue à fond la caisse, la carte du va-t-en-guerre commercial. En raisonnant, pile-poil comme certains (?) sur le mode «les importations : c'est mal, les exportations : c'est bien», il vient de mettre à exécutionsa menace de taxer de 10% quelque 200 milliards de dollars d'importations chinoises. En janvier, ça sera 25% et ce, afin de contraindre Pékin à modifier radicalement sa politique en matière de commerce, de transfert de technologie et de subventions aux industries de haute technologie. On en parle parce que, nous, les équipements électroménagers, informatiques et de communication made in china, on en a, et pas qu'un chouya. Et, humour mis à part, leurs prix seront tout, sauf bridés à l'avenir. Ceux de la Corée du Sud et bien d'autres pays émergents, tels la Turquie ou l'Inde, devenus satellites de la Chine, aussi. Pas drôle, cet engrenage qui impacte, qu'on le veuille ou non, les chaînes de production entre plusieurs pays. L'engrenage de ces mesures protectionnistes américaines se fait encore plus menaçant, quand le Trump annonce, dans la foulée et à l'endroit de Pékin : «Toutes mesures de représailles contre les Etats-Unis entraîneraient la mise en ?uvre de la phase 3». Comme on sait pertinemment que le gus sait compter, les phases 1, 2, 3 seront certainement suivies par 4, voire 5 ou 6? Entre les deux géants de l'économie mondiale, qui pèsent environ un tiers du PIB mondial, ça sent donc le roussi. Et à l'instar des Etats-Unis, c'est le 24 septembre prochain qu'on apprend, que les douanes chinoises appuieront sur le bouton de la réciprocité, la vendetta. Le géant asiatique appliquera alors, des droits de douane de 5% ou 10%, sur une liste de quelque 5.200 produits en provenance des Etats-Unis. C'est désormais la quasi-intégralité des produits américains importés sur le sol chinois, qui vont être surtaxés. Ça ne nous dit rien, mais ça devient du lourd pour nombre d'observateurs, experts en économie. Ils parlent de guerre commerciale, bien sûr, mais aussi d'une sidérante recomposition industrielle à l'échelle mondiale. La valeur ajoutée, un terme flou pour le consommateur lambda, cache, en fait, une évidence qui touche la plupart des secteurs? Electronique, informatique, automobile, chimie, électroménager, tout prend le chemin du «made in world» régenté sur les tables de jeu du casino. Par exemple, la production d'un simple i Phone montre que la carte du «made in world» se joue bien au-delà de nos petits calculs d'épicier. Certes, les produits importés sur le sol américain ou ailleurs, le sont au prix où la Chine les vend aux Etats-Unis. Mais cette vision est trompeuse car, pour assembler ces mêmes produits en Chine, l'Apple City chinoise fait appel à des dizaines de fournisseurs de circuits imprimés, d'écrans, de mémoires, importés du Japon ou encore de Corée du Sud. Au final, la valeur ajoutée de la Chine ne représente, donc, qu'une petite partie de la valeur totale à laquelle un i Phone est importé aux Etats-Unis, en Algérie ou ailleurs. Compliqué, l'imbroglio, non ' Pas pour les deux mastodontes chinois et américain, qui savent compter gros à partir des petites valeurs ajoutées. Les économies émergentes en sont conscientes. Mais il leur manque ce petit grain de sel en plus, qui donne du goût à une sauce mal en point. Ce grain de sel est une force motrice. Il a aidé pas mal de pays, hier sous label «en voie de développement», de sortir, d'émerger. Ils émergent quelque peu, maintenant. Pour un plus, il leur faudra s'insérer dans les enjeux de l'économie globalisée. Ça se joue dans un casino, certes. Mais on y est tantôt l'acheteur, tantôt le vendeur?