Algérie

Casbah d'Alger - Bien qu'il reste encore des écueils à lever: Bonnes perspectives pour le patrimoine



Casbah d'Alger - Bien qu'il reste encore des écueils à lever: Bonnes perspectives pour le patrimoine
L’adoption du décret exécutif instituant le Secteur sauvegardé de la casbah d’Alger est sans nul doute l’information majeure de la semaine pour le patrimoine algérien en général et ce site en particulier.

Grâce à ce texte de loi, les différents acteurs concernés par la sauvegarde de cette cité antique qui n’a pas fini de se dégrader depuis des décennies, auront désormais les coudées franches pour intervenir quand il faut et là où il faut.

En clair, un organe, l’Office de gestion des biens culturels - en attendant l’installation de l’Agence nationale des secteurs sauvegardés devant prendre le relais-, supervisera tous les travaux et actions qui seront entrepris par toute institution et/ou administration dans le périmètre du secteur sauvegardé.

Ainsi, aucune construction, aménagement ou réhabilitation ne peut être engagé si elle ne respecte pas le cachet architectural du bâti originel, et l’Agence est chargée de faire respecter cette intégration harmonieuse.

Mais ça, c’est en théorie. C’est ce que dit le texte de loi. Or, l’expérience nous a appris que la réalité tord souvent le cou à la théorie.

Pour l’exemple, une question: l’Agence nationale des secteurs sauvegardés a-t-elle autorité pour exiger le démantèlement du parking à étage érigé à un jet de pierre de la vieille mosquée sur la place des Martyrs et l’arrêt du chantier de cet autre parking à étage qui s’élève à proximité du palais du dey à la Casbah?

Logiquement et en théorie, si on a déplacé le tracé du métro d’Alger, grand projet s’il en est, pour préserver le site archéologique mis au jour en plein cœur de la place des Martyrs - et on applaudit la décision-, on peut en faire autant avec tous les autres chantiers et constructions.

Toutefois, comme le dit si justement un proverbe populaire, «celui qui a été mordu par un serpent, craindra une corde», qu’on pourrait traduire par «chat échaudé craint l’eau froide», on a vu tant de responsables locaux ignorer royalement les sites patrimoniaux situés dans leur villes ou wilaya qu’on ne peut croire que tout marchera comme sur des roulettes et que notre patrimoine sera désormais bien pris en charge.

Si on s’interdit de remettre en question la volonté des défenseurs du patrimoine de mettre toutes les richesses patrimoniales à l’abri de toute attaque, on ne peut cependant s’empêcher de douter de leur capacité de changer des mentalités et bannir des réflexes qui sont les premiers écueils pour le patrimoine que certains, dont des responsables, considèrent encore comme une vieillerie sans le moindre intérêt et dont on peut se passer.

Une agence, un office ou un centre, même national, peut-il être sur tous les fronts et, si nécessaire, croiser le fer avec un maire, un wali ou un ministre se proposant de lancer un projet qui pourrait nuire à un site?

La question n’appelle pas de réponse, mais plutôt l’instauration effective du travail intersectoriel et de la collaboration interministérielle, seules garanties pour une véritable prise en charge non seulement du patrimoine ou de la culture, mais aussi de nombreux chantiers sociaux.

Hassan Gherab


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