Algérie - Revue de Presse

Carton rouge et drapeau noir



On s'était assoupis, mangeant nos illusions devant la télé, endormis sous l'effet d'une perte totale de sens. Puis, coup sur coup, deux événements ont sorti la campagne électorale d'une monotonie qui frisait l'appel au suicide. Un drapeau noir accroché au fronton du siège du RCD, en signe de deuil de la démocratie, puis, malgré l'interdiction, deux marches à l'appel du FFS, avec un carton rouge brandi par les manifestants en signe d'expulsion du régime, disqualifié par l'histoire. Le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ' Là n'est pas la question mais les démocrates, dont la mort est régulièrement annoncée, comme le raï, le haïk ou la société civile, ont réagi en jetant des pavés dans le grand oued tranquille de la reconduction. Réaction à la réaction, l'inquiétude du régime qui, à travers ses antennes de propagande, ENTV, presse majorette et relais d'opinion commandés, a dénoncé le premier et occulté le second.Les premiers sont des traîtres à la nation, les seconds des Kabyles inciviques qui ne respectent même pas les interdictions de marcher. Réaction encore, Mohamed Teguia, coordonnateur de la Commission politique nationale de surveillance de l'élection, au lieu de réagir aux plaintes des concurrents à la présidentielle contre l'inégalité de traitement des candidats au profit du vainqueur annoncé, s'est cru obligé de sortir de sa fonction pour dénoncer le RCD et son drapeau noir. Carton rouge ' Oui, car on aurait préféré qu'il critique l'ENTV ou l'administration puisque qu'il est payé pour dénoncer l'absence d'équité de l'élection. De réaction en réaction, où va-t-on ' Condamner pour haute trahison le RCD et retirer l'agrément au FFS ' Ce n'est pas très important. L'essentiel est que ces deux partis ont repris l'initiative, dans une société où le moindre rictus du président devient un programme politique suivi par tout le monde.


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