Algérie

carton plein pour Farida Sellal


Séance de vente-dédicace de Farida Sellal
Des personnalités du monde de la culture n'ont pas raté ce rendez-vous qui a transformé la librairie du Tiers monde en un véritable centre culturel.
Farida Sellal, l'épouse de l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et écrivaine, a été elle-même agréablement surprise par autant de monde, venu des quatre coins du pays, assister à cette rencontre littéraire suivie d'une séance de vente-dédicace. Elles et ils étaient des centaines de lecteurs, hommes de culture, journalistes à se présenter bien avant 14 heures à la librairie du Tiers monde où, comme d'habitude, l'infatigable gérant Abderrahmane Ali Bey, homme du livre par excellence, veillait au grain pour assurer un meilleur cadre organisationnel à la rencontre. Il y avait beaucoup de monde, il fallait donc bien organiser la rencontre littéraire, surtout que les premiers lecteurs qui venaient de se faire dédicacer leurs livres par Farida Sellal, avaient du mal à quitter cette dernière car à chaque fois, un débat de haut niveau s'ouvrait entre les deux parties.
Un débat interminable, mais passionnant, il faut le dire. Quatre des livres écrits par Farida Sellal étaient disponibles lors de cette vente-dédicace. Il s'agit de son tout dernier livre autobiographique «Nomade» (éditions Casbah) ainsi que du récit «Fares», «Assouf N'Tenere» et «Imzad».
Le public s'est rué sur ces ouvrages et plus particulièrement sur «Nomade», un livre de 300 pages où l'auteure raconte principalement les moments les plus saillants de sa vie d'abord, en tant que femme n'ayant cessé de lutter tout au long de ses 66 ans d'existence pour la vie. Des personnalités du monde de la culture n'ont pas raté ce rendez-vous qui a transformé la librairie du Tiers monde en un véritable centre culturel.
Le réalisateur Bachir Derais était là. Ce dernier gagnerait d'ailleurs à tirer un scénario du livre «Nomade» de Farida Sellal.
Pour peu qu'il trouve les acteurs et actrices pouvant camper le rôle des personnages du livre, le talent incontestable de Bachir Derais en ferait un chef-d'oeuvre cinématographique.
Il y a dans le livre «Nomade» de Farida Sellal plusieurs passages émouvants qui se traduiraient de manière aussi prégnante à l'écran, tels que décrits par l'épouse de Abdelmalek Sellal. Ce dernier a été suivi fidèlement par sa femme tout au long de leur vie commune même et surtout durant les moments difficiles traversés par le pays et où Abdelmalek Sellal, en tant que responsable de haut niveau avait à gérer les situations parfois inextricables avec tact et savoir-faire. L'auteure revient dans ce livre sur une infinité d'événements ayant secoué le pays comme les événements d'octobre 1988 et les années de terrorisme. Avec une sincérité rare chez des personnalités d'un tel niveau de responsabilité, Farida Sellal revient sur ces événements, tels que vécus de l'intérieur.
Même les hauts responsables...
C'est-à-dire comme elle les a vécus, elle, son époux et ses enfants, ces derniers ayant été touchés à l'instar de tous les Algériens par ces périodes tragiques de notre histoire contemporaine. L'un des passages les plus poignants de ce livre est celui où elle prit la fuite en compagnie de ses enfants, suite à une information faisant état qu'elle allait être la cible d'un attentat terroriste le jour-même. C'était à Sidi Bel Abbès, durant les années rouges. En un clin d'oeil, la famille quitte la ville en trombe alors que Abdelmalek Sellal, le chef de famille, et responsable de la wilaya, doit rester sur place pour assumer ses responsabilités. Cette facette des responsables algériens, on ne la connaît guère. Ou du moins, le grand public l'ignore. C'est donc l'un des grands mérites du livre «Nomade» de Farida Sellal que de montrer que les responsables au plus haut niveau ont également vécu de plein fouet les crises qui se sont succédé dans le pays. Lors de la séance de vente-dédicace tenue samedi à la librairie du Tiers monde d'Alger, Farida Sellal n'a d'ailleurs pas cessé de répondre aux questions des lecteurs qui lui demandaient, à chaque fois, si les faits racontés dans son livre sont à 100% véridiques. Car certains épisodes paraissent invraisemblables comme par exemple les quarante-huit heures d'enfer que Farida Sellal a passées, toute seule, perdue dans le désert suite à une tempête de sable. Ou encore les moments très difficiles qu'elle a eu à affronter en compagnie de sa famille lors des dures années du terrorisme où la menace était constamment là, suspendue au-dessus de la tête. Abdelmalek Sellal ne pouvant se départir de ses responsabilités, Farida Sellal devait bien trouver les moyens de rester debout quelles que soient les épreuves endurées (en plus des drames familiaux) afin que son mari continue d'assumer ses missions en ces temps difficiles. Mais contrairement à ce que l'on pourrait imaginer avant de lire le livre «Nomade», c'est la vie de Farida Sellal qui est narrée. Il ne s'agit point d'être l'ombre d'un homme important sous le prétexte qu'elle est son épouse (et aussi une cousine) dont le mariage a scellé une histoire d'amour que Farida Sellal est fière d'évoquer à chaque fois que l'occasion se présente. On retrouve plutôt la vie de Farida Sellal. Cette dernière aurait pu, par exemple, s'étaler longuement sur la manière dont son mari Abdelmalek Sellal a vécu tous les événements racontés, ne serait-ce que pour des besoins de marketing. Elle ne l'a pas fait. Elle a choisi de raconter les événements tels qu'elle les a vécus. Après avoir dédicacé une centaine d'exemplaires de «Nomade» et des dizaines d'exemplaires des autres ouvrages, Farida Sellal est assaillie par un bataillon de journalistes. Ces derniers étaient présents en force à cette séance de vente-dédicace.
Modeste et spontanée
Quand Farida Sellal se retrouve subitement assiégée de caméras et d'appareils-photo ainsi que de dictaphones, elle ne cache pas sa surprise et ne se retient pas de s'interroger: «Pourquoi autant de journalistes'» Une phrase qui reflète, on ne peut plus, à quel point cette femme est modeste et spontanée. Ce qui est remarquable aussi chez Farida Sellal, c'est le fait qu'elle se comporte avec les mêmes égards avec tout le monde.
Aucun traitement de faveur n'est réservé à un lecteur plus qu'à un autre. L'auteur de «Fares» a le sourire constant sur les lèvres. Pourtant, cet air joyeaux cache de manière subtile une profonde douleur et une vie pleine d'afflictions. Comme quand arrive sa nièce pour lui tendre un bouquet de fleurs. Le sourire sur le visage de Farida Sellal disparaît subitement. La femme de lettres s'affale sur sa chaise. Et ses yeux deviennent subitement larmoyants. «C'est la fille de mon frère qui est actuellement très malade. C'est le dernier de mes frères qui est encore vivant», explique Farida Sellal qui se ressaisit vite pour continuer sa conférence de presse. Une telle spontanéité et une telle sensibilité, on ne peut la retrouver que si on lit le livre de Farida Sellal ou si on l'a connue de près.
Les nombreuses femmes (et elles étaient des dizaines) présentes à l'événement ont presque toutes pris la parole pour témoigner de l'image qu'elles avaient de Farida Sellal. Il y avait dans la foule plusieurs femmes qui sont des proches de la femme de l'ancien Premier Ministre et qui montraient un amour incommensurable envers Farida Sellal. Elle parle de quelques-unes d'elles dans son livre autobiographique «Nomade» qu'on lit d'une traite et que l'on a envie de relire sur place une fois la dernière ligne ingurgitée.
L'épisode du passage de Farida Sellal en Tunisie où elle s'impose sur le plan professionnel en terre étrangère est édifiant. Sa compétence (elle est titulaire, entre
autres, d'un doctorat en physique du solide) est même reprise dans les journaux du pays voisin. Ses performances professionnelles en Tunisie parviennent jusqu'à Alger où un Tunisien résidant, ayant entendu parler de Farida Sellal, a demandé à Abdelmalek Sellal s'ils avaient un lien de parenté. On devine vite la réaction de Abdelmalek Sellal dont le sens de l'humour est légendaire.
La vente-dédicace se poursuit et à 17 heures, ce n'est pas encore fini. D'autres journalistes arrivent et demandent encore à Farida Sellal de parler de son livre. Elle s'adonne à cet exercice pour la énième fois avec la même amabilité et disponibilité, sans se lasser de ressasser les mêmes phrases ou presque. Et quand un journaliste novice, mais très gentil lui demande naïvement de lui résumer tout son livre en un maximum de trente secondes, Farida Sellal lui répond avec la même courtoisie: «Comment voulez-vous que je puisse résumer une vie de 66 ans en trente secondes'».
La réponse est cinglante. Mais, cette mise au point faite, Farida Sellal ne laisse pas quand même le jeune journaliste repartir bredouille. D'ailleurs, et c'est là en guise de réponse à la question de L'Expression sur le fait que son livre «Nomade» ne va pas jusqu'à raconter ces dernières années, puisqu'il s'arrête en 2014, Farida Sellal annonce qu'il y aura une suite.
Un tome deux donc ou carrément un autre livre. En attendant, Farida Sellal aura du pain sur la planche car écrire un autre livre dans la même veine que «Nomade» ne sera pas une sinécure pour une auteure qui a réussi à tisser des liens très solides avec tous ses lecteurs et toutes les personnes qui connaissent ses valeurs humaines. Et surtout sa dignité.
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