Algérie

Cartes brouillées



Cartes brouillées
Aucune visibilité politique n'est possible à trois mois des élections présidentielles dont le sujet est dominé pour l'heure par les rumeurs, la spéculation et l'attentisme.Les partis qui ont l'habitude de chauffer la scène et d'exprimer les voix des gorges profondes, sont en crise depuis plus d'une année au moins. Le FLN et le RND ont été étêtés sans que ceux qui les dirigent aujourd'hui ne fassent l'unanimité en leur sein. L'alliance présidentielle, vrai baromètre des intentions des décideurs, a volé en éclats à la faveur d'un enthousiasme démesuré du MSP qui voyait le printemps arabe fleurir en Algérie et le courant de feu Mahfoudh Nahnah porté par les masses révolutionnaires au pouvoir, à l'image de ce qui s'est passé en Egypte, en Tunisie et au Maroc. D'autres partis sont nés dans le sillage de cette révolution ratée, pour pallier la défection programmée du MSP. TAJ et le MPA, tout autant que Amar Saïdani, ont anticipé sur les intentions de Bouteflika et ont fait, pendant un moment, du quatrième mandat hypothétique un cheval de bataille fourbu qui s'est vite essouflé. A quelques jours de la convocation du corps électoral, aucune candidature sérieuse à la magistrature suprême ne s'est déclarée. Qu'attendent donc les prétendants potentiels ' Les fumées papales ' Si ces dernières venaient à se manifester, les dés seraient jetés et les jeux seraient faits pensent certains. Pour d'autres, ce signe céleste équivaudrait au coup d'envoi d'une course où les lièvres joueront leur rôle habituel d'animateur d'une scène politique morose et ennuyeuse. Pour les plus avertis, mieux vaut attendre que le brouillard se dissipe pour voir plus clair avant de se décider à se jeter dans l'arène politique ou lui tourner le dos.En termes clairs, les hésitants essayent de comprendre le silence officiel à travers un exercice de funambulisme afin de savoir si le pouvoir dispose d'un «candidat de consensus» ou si le jeu de la présidentielle est ouvert. Cette attitude attentiste a un sens : l'issue du scrutin ne dépend pas des urnes. Donc, il est vain d'occuper la scène politique et de mobiliser les électeurs qui eux aussi attendent Godot. Ce n'est donc pas une compétition politique entre programmes électoraux, entre projets de société, mais entre personnes qui ne cherchent pas les faveurs des électeurs mais celles des institutions, de l'administration et des appareils électoraux. On ne change pas le système en l'incarnant. Le challenge des présidentielles et des échéances électorales à ce jour, ne vise pas la rupture avec le système dominant et ses pratiques politiques et clientélistes. On ne gagne pas les masses des électeurs à trois mois des présidentielles.S'il y avait une réelle volonté de ne recourir qu'aux urnes pour légitimer le pouvoir et gouverner au nom des Algériens, la précampagne aurait commencé depuis au moins une année. Si dans le cas de l'Algérie, aucun président ne peut être élu en toute transparence et en toute régularité, sans alliances politiques larges, le débat politique qui sous-tend ces alliances ne peut se faire dans la clandestinité et à travers des négociations secrètes. Car, en fin de compte, si c'est le citoyen électeur qui décide de qui le gouverne, n'a-t-il pas le droit d'être associé aux termes du débat et des négociations 'A. G.




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