Tizi-Ouzou - Idjeur

Carnet de Voyage en Kabylie : L'hospitalité, marque de fabrique de l'Homme libre



Carnet de Voyage en Kabylie : L'hospitalité, marque de fabrique de l'Homme libre

Il est des lieux qui nous marquent, des personnes qui nous surprennent, positivement ou négativement. Des expériences de vie qui nous remettent en question, nous apprennent ce qu’est le sens de l’hospitalité, de l’humilité. Des gens simples, positifs. Des personnes tout simplement humaines. Ordinaires. Sages. Il parait que la vraie sagesse de la vie consistait à voir l’extraordinaire dans l’ordinaire… Aujourd’hui, à notre 2e jour de vadrouille en Kabylie, j’ai envie de dédier ce papier à cette personne qui prenait vraiment plaisir à nous faire visiter sa région.


Nous sommes le samedi, 25 juillet 2015. Il est 8h du matin et nous sommes debout. On se prépare pour notre sortie. Au programme, la découverte de la région de Bouzeguene, Daïra qui accueille le festival Raconte-Arts cette année. On prend notre petit déjeuner sur le pouce, on sort les appareils photos et on prend la route. Première étape, la zaouia que l’on voit juste en face d’Iguersafene. D’après Google Map, elle est à 6min d’ici. C’est parti…

 

 

 

Le matin, à Iguersafene, pendant le Raconte-Arts, dans toutes les placettes du village, on trouve des tables où est servi un petit déjeuner copieux. Chose qu’on ne savait pas. Demain, promis, on le prendra ici notre premier repas de la journée. Pour l’heure, nous, on va faire les touristes.

 

Le village où nous voulons aller est entouré par six autres villages : Bouaoune au nord, Iguersafene et Mehagga à l’est, Ighil-Boukiassa au nord-ouest, Aït Aïcha au sud et Ighrayen au sud-ouest. Situés à l’ouest du mont de l’Akfadou, ils forment ainsi les « sept villages » de la commune d’Idjeur, anciennement Aarche Ath Yedjar, il était élargi à la commune de Bouzeguène, qui se trouve à la limite de la haute Kabylie à 60 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou et de la basse Kabylie à 90 km au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Bejaia. Tifrit n’Ath Oumalek puisque c’est de lui qu’il s’agit est perché à 900 m d’altitude. Ce petit joyau de Kabylie est connu pour abriter l’une des plus grandes zaouia de la région, celle de Sidi M’hend Oumalek.

 

 

 

 

Sidi M'hend Oumalek est un Saint qui, après un passage à Hendou, s'est établi à la fin du XVème siècle dans le village qui est nommé aujourd’hui Tifrit n'Ath Oumalek. Sa zaouïa fut fondée, selon les sources, en 1467 ou en 1496 (les écrits retrouvés font référence à une fondation en 870 de l'Hégire et d'autres en 902). Il semblerait que la controverse porte sur la date de l'édification du mausolée et celle du lieu de culte. Bref, ces détails ne nous concernent pas vraiment.

La Zaouia de Sidi M’hend Oumalek est grande. Elle accueille beaucoup d’apprenants. Ils viennent ici se former en théologie et apprendre le Coran. Dès qu’on franchi le portail principal, on entre dans cet havre de tranquillité. Là-bas, au fond, on remarque le mausolée de Sidi M’hend Oumalek. Pendant que mon ami prenait des photos, je discutais avec un vieux monsieur, habitué de la zaouia. Il était fier de me montrer et de me raconter l’historique de ces lieux bénis. Un autre se présente à nous, ll nous fait le tour du propriétaire. Ici, il y a une grande mosquée, deux grands réfectoires ; un pour les hommes et un second pour les femmes, plusieurs salles de cours, plusieurs chambres pour les Talabas (apprenants), beaucoup de sanitaires d’une propreté irréprochable, une ancienne zaouia authentique, au sous sol et l’ancienne mosquée juste en dessus. En sommes, la zaouia est très grande. Grande par la superficie mais aussi grande par la grandeur de l’esprit des gens qui s’y trouvent.

Nous « traînons » ici pendant un moment alors qu’on est censés avoir une longue journée qui nous attend. Tant pis pour le reste, on est bien ici, on y reste.

Dans cette zaouia, on rencontre un jeune homme originaire du village. Il s’avère être le neveu du monsieur qui nous a fait visiter les lieux. Lui, répondant au prénom de Sofiane, nous propose d’aller voir des vestiges qu’il dit être de l’époque turc. Des turcs sont passés par là ? Allons voir ça de plus près.

 

 

 

Sofiane nous fait introduire au sein même du village, dans l’ancien village, nous passons par Thala (la source d’eau), nous nous rafraîchissons un peu… il fait quelques 43°C aujourd’hui. Nous continuons notre balade dans les dédales de ce beau petit village quand, soudain, Sofiane frappe à une porte, entre et nous invite à faire de même. Nous sommes dans la maison de ses grands parents. Il y a sa grand-mère. Elle se lève de son lit, se rapproche de nous et nous fait la bise. Cette bonne Dame nous invite à boire un verre de limonade. En Kabylie, c’est comme ça, quand tu rentres chez quelqu'un, tu es obligé de goûter à son pain (ne serait-ce que de boire un verre d’eau).

Les grands parents de Sofiane habitent dans une maison authentique de Kabylie. Une seule et même pièce dans laquelle on trouve :

- TASGA : très significatif pour les berbères (le centre de la maison) qu' on ne piétine pas, qu'on ne cède pas, car c' est là qu'on dort et qu'on mange.

- Un coin du feu (al kanoun), autour duquel on écoutait la narration des contes (timucuha) par les grand-mères surtout, et qui servait pour la cuisine (la cuisson).

- Un coin (adaynin) pour les animaux domestiques tels les moutons, chèvres, et pour certains des boeufs, l'âne ou le mulet.

- TAIRICHT juste en dessus de adynin où sont stocké les jarres à l' huile d' olive, quelques provisions comme l'oignon, l'ail, et la viande séchée (acadluh nel'aïd).

- TADUKWANT une partie surélevée qui sert de coin de rangement d'ustensiles de cuisine en terre ou autre, et d'un autre côté les silos (avec des symboles berbères) (Ikufan : akufi au singulier) qui servaient pour les réserves alimentaires tels le blé, l'orge, les figues sèches,....etc.

 

 

 

 

Et enfin, la chambre à coucher, juste en dessous de la partie surélevée. Une maison toute simple mais remplie d’histoire. Une maison comme on n’en fait plus aujourd’hui. La visite chez la grand-mère terminée, nous continuons notre escapade. Nous empruntons un sentier de randonnée. Nous marchons un bon quart d’heure, grimpant cette montagne, pour arriver en haut. Nous tombons effectivement sur une ancienne construction en pierre. Des arches sont visibles. La situation géographique, l’architecture… nous fait penser que ça devrait surement être un fort datant de l’époque coloniale et non pas les traces d’un passage de turcs par ici. D’ici, nous dominons la vallée. Nous avons une vue imprenable sur Iguersafene, Bouzeguene et la foret de l’Akfadou. Ici, il y a nous… et le soleil qui tape sur nos têtes. Nous prenons quelques clichés et nous décidons de rentrer. Nous arrivons à la zaouia quelques temps avant l’appel à la prière du Dohr. Nous décidons d’attendre et de faire la prière avant de reprendre la route. Reprendre la route ? Pas de sitôt… hein !

 

 

 

Dans cette Zaouia, on ne veut pas nous lâcher et nous, on s’y sent à l’aise. Pourquoi donc partir ? Ils nous invitent à déjeuner, on nous propose de nous doucher si l’on souhaitait. Il fait chaud, nous avons transpiré… quoi de mieux qu’une douche pour se sentir léger ? On fait notre prière. Il est 14h. Il fait très chaud ici, en Kabylie. On ne pourra pas apprécier convenablement nos visites sous ce soleil de plomb. On nous propose une chambre pour faire une sieste. On ne veut pas abuser de l’hospitalité de nos hôtes… mais on accepte. Dormir comme un bébé, c’est ma spécialité… surtout après un effort physique et une bonne douche.

Réveillés de notre sieste, Sofiane nous rejoint et nous propose de faire le guide pour le restant de la journée. On accepte. On part… on se laisse guider… on découvre ce village perchée sur les rocher. Son nom ? Tabbouth (porte en kabyle). On continue notre chemin. On part à Bouzeguene. On visite sa zaouia. Sur le toit de la mosquée, nous avons juste en face, à 200m à vol d’oiseau, Azru n’Thor (le rocher de la purification). La Ziara de cette année est prévue pour le 31 juillet. On ne sera pas là. Partie remise.

 

 

 

Sur notre chemin du retour, nous faisons un crochet par l’institut national de formation pour les Imams où nous assistons à un très beau coucher de soleil. Nous passons par des routes presque désertes et le panorama qui s’offre à nous ressemble étrangement à l’Asekrem ; des chaines de montagnes à perte de vue… sauf qu’ici, c’est le Djurdjura. Nous dinons au centre ville de Bouzeguene… il se faisait désirer, ce poulet. A 21h passée, pouvoir manger devient une mission presque impossible… mais c’est sans compter l’aide précieuse de notre guide.

 

 

Nous rentrons à Iguersafene à 22h30. Il fait nuit, ce n’est pas un scoop. Ce soir, il y a le diwane de Ouargla au programme. On assiste au début puis on part se coucher la tête pleine de bonnes vibes. Demain est un autre jour et demain… on reste ici, au village. On a décidé de vivre pleinement Raconte-Art, ce magnifique festival que l’on va vous présenter au prochain épisode. Stay tuned !




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