Algérie

Carburant: L'empire des hallaba



La tendance est au retour à la normale en matière d'approvisionnement en carburant dans les wilayas de l'Ouest. Les régions frontalières demeurent sous tension. Et même une amélioration des livraisons ne les sortira pas de l'empire des hallabas à gros réservoirs. Tant que le prix sera moins cher qu'au Maroc, il y aura une demande et une offre suivra. Au détriment des automobilistes ordinaires… Les wilayas de l'Ouest du pays sont approvisionnées de façon normale, a déclaré jeudi le ministre de l'Energie et des Mines, M.Youcef Yousfi. «La situation est complètement maîtrisée. Les stocks (de carburants) sont élevés dans toutes les régions du pays », a-t-il déclaré en précisant que le déficit en carburant constaté était surtout le fait de «retards dans la livraison». «Il peut y avoir quelques retards dans la livraison et quelques petits dysfonctionnements dans la distribution. Mais le problème de la quantité et de l'approvisionnement est complètement réglé». La situation est globalement corroborée sur le terrain où l'on enregistre dans plusieurs wilayas de l'Oranie une baisse de la tension sur les carburants. Mais la wilaya de Tlemcen en général et les zones frontalières avec le Maroc demeurent sous tension. Si la course au carburant, activité économique informelle très prisée dans la région, a rendu cette tension habituelle, la baisse du niveau des livraisons des stations-service a compliqué la situation. Pour le citoyen frontalier normal (ou anormal, c'est selon) qui ne se sert aux stations-service que pour son propre usage et non pour la revente aux frères de «l'autre côté», la pénurie s'est ajoutée à l'activisme des «hallabas». Jeudi, Tlemcen et Maghnia attendaient encore les livraisons qui allaient les ramener à la situation antérieure, celle où la pression n'est que le fait du trabendisme banalisé dans une wilaya où la densité des voitures à gros réservoirs n'est peut-être égalée qu'à l'extrême Est, du côté de Tébessa ou de Souk-Ahras.

LES REGIONS FRONTALIERES DES PAYS VOISINS FONT PARTIE DU «MARCHE»

L'article publié jeudi par le Quotidien d'Oran sur la situation à Maghnia est éloquent. Il indique clairement que même un retour au niveau des livraisons habituelles ne mettra pas fin à la tension. Le rationnement à l'équivalent de 600 dinars de carburant par véhicule en cours dans les wilayas frontalières de l'Ouest comme à l'Est n'est qu'un pis aller. Les citoyens «normaux» devant, dans tous les cas de figure, faire la queue avec des «hallabas» qui, contrairement à eux, ne perdent pas de temps puisqu'ils exercent leur métier de «trayeur» d'essence. Et signe qu'un «marché» est bien installé dans la région, la pénurie d'essence a eu, de manière mécanique, une incidence sur le prix de l'essence vendue au Maroc. En clair, les consommateurs marocains ont eux aussi « souffert » de la pénurie d'essence dans la région frontalière. Et il est évident que ce marché continuera d'exister tant que le prix du carburant en Algérie, même majoré de la dîme des hallabas, sera inférieur à celui qui a cours dans les pays voisins. L'entrée en fonction en février prochain de la raffinerie d'Arzew devrait, indique le ministre, rétablir l'approvisionnement normal du marché. Mais il faudra, de « facto », inclure dans notre marché l'approvisionnement des régions frontalières des pays voisins. M.Youcef Yousfi a indiqué que Naftal allait importer des quantités suffisantes d'huiles pour moteurs «pour couvrir les besoins du marché pour une année», tout en intensifiant le contrôle sur la qualité des huiles commercialisées.

SONATRACH N'EST PAS COUPABLE DES ENNUIS D'ARCELORMITTAL

Au passage, M.Yousfi a répondu aux syndicalistes d'El Hadjar qui avaient accusé Sonatrach et Sonelgaz de délaisser la société ArcelorMittal pipes et tubes Algérie (AMPTA) au profit de l'importation. Smain Kouadria avait accusé les groupes publics (Sonelgaz, Sonatrach et Naftal) de préférer le « produit importé au nôtre sans aucune justification commerciale ou technique». Selon le ministre, les entreprises publiques du secteur de l'énergie accordaient la priorité aux sociétés nationales spécialisées pour l'approvisionnement en oléoducs et gazoducs produits localement. Il a souligné que Sonatrach avait conclu plusieurs contrats avec la filiale ArcelorMittal Annaba, spécialisée dans la production d'oléoducs et de gazoducs, citant, notamment, le contrat conclu en 2010 relatif à la fourniture de 3000 tonnes de pipelines pour un montant de 360 millions de dinars. ArcelorMittal a également participé à un appel d'offres lancé par le groupe Sonelgaz pour la fourniture de 85 km de pipelines (près de 600 millions de dinars). Pour le ministre, c'est un faux procès qui est fait à Sonatrach car ArcelorMittal ne produit pas tous les pipelines dont a besoin l'entreprise pétrolière nationale, notamment ceux de 20 et 42 pouces de diamètre.




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