Cap sur les coopératives agricoles à Jijel

À vocation oléicole et maraîchère, la wilaya de Jijel cherche de nouvelles filières agricoles pour diversifier sa production. La démarche est inscrite en droite ligne de la politique prônée par les pouvoirs publics, qui veut faire de ce secteur un pilier du développement économique et de la sécurité alimentaire. Rencontrée récemment en marge d'une journée d'étude sur la pisciculture intégrée à l'agriculture, Akli Fadila, directrice des services agricoles (DSA), a évoqué un secteur en pleine mutation à Jijel. À bâtons rompus, elle a fait un tour d'horizon des opportunités existantes pour se mettre au diapason des objectifs retenus dans la feuille de route ministérielle 2020/2024.Elle a mis en avant les mesures d'accompagnement des agriculteurs pour les aider à faire face à leurs difficultés, notamment la hausse des prix des entrants dans la production agricole de par leur surcoût à l'échelle mondiale. Selon Mme Akli, la solution passe par la création de coopératives agricoles, dont quatre ont déjà vu le jour. Des journées de vulgarisation sur ces coopératives sont prévues pour mettre en exergue leurs atouts bénéfiques à l'activité agricole. L'objectif est de trouver des moyens d'entraide et d'assistance entre les agriculteurs pour faire face au surcoût des entrants agricoles. L'investissement est l'autre solution préconisée pour amortir ces coûts.
C'est dans cette optique que la fabrication de tissu textile, pour son utilisation à la place du plastique, est retenue pour faire face à la hausse des coûts de la plasticulture. Cette hausse est soulevée tel un aléa à leur activité par des agriculteurs. "Nous faisons face à un surcoût du plastique, dont le prix a plus que doublé depuis le mois d'août dernier", confie un producteur maraîcher. "Il ne faut pas trop se fier aux chiffres avancés, car la réalité est tout autre avec les engrais, les semences et tous les autres entrants dans la production, il ne nous reste à vrai dire que l'effort du fellah et la terre que nous labourons, tout le reste nous vient de l'étranger à des coût élevés", explique encore notre interlocuteur, dans ses serres de production de courgettes. Selon lui, même la culture de plein champ s'est rétrécie telle peau de chagrin. "Les agriculteurs peinent dans leur activité, on ne parle que de la hausse des prix des produits agricoles, mais jamais des prix du plastique, des engrais qui augmentent sans cesse", balance-t-il.
Loin d'être indifférente à ces difficultés, la directrice des services agricoles fait savoir que son secteur est disposé à venir en aide à la détresse de ces agriculteurs. C'est dans ce contexte qu'elle revient à la charge et insiste sur les coopératives agricoles à mettre en ?uvre. La solution passe aussi par l'assainissement du foncier agricole, objet de détournement et de sous-location. L'opération d'électrification des exploitations agricoles est en cours pour parvenir à régler ce problème, longtemps soulevé comme une contrainte dans ce secteur. Au total, 157 exploitations ont été électrifiées sur les 319 concernées par cette opération qui suit son cours dans des conditions normales, selon notre interlocutrice.
Pour la campagne de labours-semailles, plus 1 300 ha sont concernés par cette activité, dont 70% sont semés. La culture du colza, qui fait son entrée à Jijel, a concerné 25 ha sur un total de 56 retenus dans cette nouvelle filière, introduite justement pour booster le circuit agroalimentaire. Dans le volet irrigation, il est fait état de plus de 9 000 ha irrigués, notamment à partir du barrage d'El-Agram. Dans le sillage de la diversification de la production agricole, des jeunes se sont lancés dans la culture de la banane sous serres multi-chapelles grâce au soutien accordé par l'Agence nationale du développement de l'entrepreneuriat (Anade).

Amor Z.