Algérie

Cannes ya makan !



Cannes ya makan !
Une polémique aux relents nauséabonds resurgit des arcanes de la délibération cannoise qui a conduit à l'éviction du dernier opus de Mohamed Lakhdar-Hamina, Le crépuscule des ombres, proposé, dès le 31 mars dernier, à la sélection officielle 2014. Retour sur des pratiques récurrentes dès lors qu'il est question de guerre d'Algérie, le dernier avatar remontant aux manifestations de nostalgiques del'Algérie française lors de la présentation de Hors la loi de Rachid Bouchareb.Cette fois, des rumeurs sont arrivées aux oreilles du réalisateur au moment des choix cannois. Il semblerait que des critères politiques aient pris le pas sur les considérations artistiques, dès lors qu'une phrase comme «Il faut arrêter de ?les' laisser insulter la France» est ressortie des délibérations de la commission de sélection? Averti de cette éviction, Lakhdar-Hamina adresse, le 11 avril, une lettre de retrait aux organisateurs dont il ne sera même pas tenu compte puisqu'un mail de refus du film est envoyé le 17 avril, mail dans lequel il est dit que «l'impression générale était positive mais qu'il a fallu procéder à des choix?»Mais de quelle nature de choix s'agit-il ' Dans sa lettre du 11 avril, Mohamed Lakhdar-Hamina rappelle les épisodes du Vent des Aurès en 1967 et ses menaces d'attentat, puis la brigade de sécurité protégeant, en 1975, l'équipe du film Chronique des années de braise (Palme d'Or) sans parler, en 1982, des dix minutes de coupure en séance officielle pour Vent de sable. Il faut savoir que Mohamed Lakhdar-Hamina entretient une histoire personnelle avec Cannes où il vécut au début des années 50 avant de rejoindre le GPRA à Tunis. Après avoir fréquenté l'Ecole d'agriculture,Lakhdar-Hamina intègre le lycée Carnot tout en jouant à l'AS Cannes où il fera même partie de l'équipe senior. C'est dire la nature affective du rapport qu'il entretient avec la ville et la région PACA, de tous temps réceptacle d'un fort courant pro-Algérie française (rappelons l'attentat du Consulat d'Algérie à Marseille et les assassinats dans les années 70 contre la communauté algérienne). Il est vrai que Le crépuscule des ombres ne fait pas la part belle à la colonisation et à la répression qui a suivi le déclenchement de la guerre de libération nationale. MohamedLakhdar-Hamina a-t-il eu tort de prendre à la lettre (et dans l'esprit) la profession de foi du président de la République française, François Hollande ?rappelée dans sa lettre à la sélection de Cannes? lorsqu'il déclarait en visite officielle en Algérie en décembre 2012 : «Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l'oubli et encore moins dans le déni.La vérité, elle, n'abîme pas, elle répare ; elle ne divise pas, elle rassemble. Alors l'histoire, même quand elle est tragique, même quand elle est douloureuse pour nos deux pays, elle doit être dite.» Mais il est vrai que le festival cannois s'est considérablement modifié avec le retrait de Gilles Jacob, humaniste et homme d'ouverture, inventeur de la Caméra d'Or, au profit de Thierry Frémeaux, le nouveau sélectionneur, apparemment sourd aux vérités de l'histoire et plutôt soucieux de ramener les grands studios hollywoodiens à Cannes au détriment de la diversité mondiale et des «petites» cinématographies.




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