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Cannes: deuxième Palme d'or pour Michael Haneke



Ils étaient quatre cinéastes en lice cette année sur la Croisette à pouvoir prétendre repartir avec une deuxième Palme d'or et c'est l'Autrichien Michael Haneke qui l'a emporté avec "Amour", film qui réussit la gageure de marier maîtrise technique et émotion authentique.
Cette émotion est le fruit non seulement de la mise en scène et de la direction d'acteurs de Haneke, qui avait décroché une première Palme d'or en 2009 avec "Le ruban blanc", mais aussi de l'interprétation olympienne du couple Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva.
C'est pourquoi, le président du Jury du 65e Festival de Cannes, en annonçant la Palme d'or, a souligné la "contribution fondamentale" des deux acteurs à la très haute tenue du film.
Mais le règlement interdit d'accorder un autre prix à un film qui obtient la Palme d'or, le Grand Prix ou le Prix de la mise en scène, a expliqué Nanni Moretti dimanche soir, lors de la conférence de presse du jury.
En tout état de cause, "Amour" a une résonance toute personnelle pour le cinéaste autrichien, longtemps réputé pour traumatiser le spectateur plutôt que l'enchanter. "J'ai vécu ça (la maladie) dans ma famille; ça m'a beaucoup touché et c'est comme ça que j'ai commencé ce film", a-t-il expliqué, lors de la conférence de presse des lauréats.
Haneke rejoint Francis Ford Coppola, Bille August, Emir Kusturica, Shohei Imamura et les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne au rang des cinéastes ayant reçu deux fois le précieux trophée.
Le prix d'interprétation féminine échoit au duo d'actrices d'"Au-delà des collines", Cosmina Stratan et Cristina Flutur, long métrage impeccablement maîtrisé lui aussi du Roumain Cristian Mungiu, qui avait ébloui Cannes en 2007 avec "4 mois, 3 semaines, 2 jours".
Il doit se contenter cette année d'applaudir ses actrices et d'un Prix du scénario, qui omet totalement le travail rigoureux de mise en scène accompli.
Sur ce dernier point, le jury a privilégié un autre film, et ce sera sans doute sa décision la plus controversée, celui du réalisateur mexicain Carlos Reygadas.
"Post Tenebras Lux" a été largement snobé par les festivaliers. Voir un homme, qui vient d'en agresser un autre, finir par, littéralement, se prendre la tête et se l'arracher à pleines mains a fait écarquiller bien des yeux et provoqué bien des rires involontaires.
Prié de dire, lors de la conférence de presse des lauréats, si la distinction obtenue constituait une "revanche" sur une mauvaise presse, Reygadas, titulaire d'un Prix du Jury en 2007 pour "Lumière silencieuse", s'est contenté de répondre: "Pourquoi une revanche' Ce prix est simplement quelque chose pour lequel il faut être reconnaissant, c'est tout".
"Je suis très reconnaissant aux journalistes qui détestent le film comme à ceux qui l'aiment; tous sont très importants pour moi".
Le prix d'interprétation masculine vient distinguer la prestation de l'acteur danois Mads Mikkelsen, en homme traqué victime de la rumeur et du mensonge, dans "La chasse
Ce fut l'un des films choc de ce 65e Festival et son auteur, le Danois Thomas Vinterberg, s'était déjà signalé en 1998 avec un "Fête de famille" qui lui avait valu le Prix du Jury.
Un troisième "palmé", Ken Loach, n'est pas non plus reparti bredouille en emportant sous le bras un Prix du Jury, le troisième de son palmarès personnel après ceux de "Raining Stones" (1993) et de "Hidden Agenda" (1990).
Palme d'or en 2006 avec "Le vent se lève", le cinéaste engagé britannique a présenté pas moins de 17 films à Cannes, dont 14 en sélection officielle, depuis "Kes" en 1970.
L'Iranien Abbas Kiarostami, le quatrième "palmé" de la compétition, repart à vide. Le réalisateur était venu dire ouvertement que son film ne comportait ni début ni fin et qu'il laissait le soin au spectateur de combler les trous.
Le jury cannois a pris une autre décision qui suscitera le controverse en attribuant à "Reality", de l'Italien Matteo Garrone, le Grand Prix.
Diversement apprécié lors de sa projection, au début du Festival, le film était quelque peu tombé dans les oubliettes de la critique. Jusqu'à ce que les jurés cannois le ressuscitent. Garrone est maintenant titulaire de deux Grands Prix, le précédent lui ayant été décerné avec "Gomorra", en 2008.
Le 65e Festival de Cannes aura aussi été celui de la déroute des cinématographies française et nord-américaine.
Trois films français étaient en compétition et les trois repartent bredouille. "De rouille et d'os", de Jacques Audiard, n'a pas fait illusion très longtemps, au moins aux yeux de la critique internationale, son homologue française lui ayant longtemps conservé ses suffrages.
Le couple Marion Cotillard-Matthias Schoenaerts a fait un temps figure de possible lauréat des prix d'interprétation et le film avait été par ailleurs précédé d'un "buzz" énorme, passant sur les écrans le même jour que sa projection à Cannes.
Même filet vide pour Alain Resnais et, surtout, pour Leos Carax, dont l'incongru "Holy Motors" avait séduit une bonne partie de la presse. Là encore plus française qu'internationale.
La débandade est encore plus sanglante pour les films américains. Le délégué général Thierry Frémaux n'avait pas manqué de remarquer qu'ils étaient revenus en force. Ils se sont échoués sur les rivages de la Croisette.




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