La mine plutôt avenante et le sourire rassurant, le bonhomme est de ceux qu'on a envie d'écouter jusqu'au bout. Dans l'armée de «communicateurs » qui hantent les plateaux de télévision depuis quelque temps, il n'y en a pas beaucoup comme lui. Il n'est pas repoussant, ne donne pas envie de se saisir de la télécommande en première intention et aller chercher en urgence un programme avec plus d'humanité. Un peu comme le noyé fait le salutaire appel d'air en sortant la tête de l'eau. Le bonhomme avait de la suite dans les idées, naviguait entre deux langues avec une égale aisance ou le même bonheur et le journaliste qui l'interrogeait écarquillait régulièrement les yeux, comme s'il était surpris de découvrir quelqu'un d'autre que celui qu'il avait invité. C'est que ces derniers temps, et les choses étant au point où elles sont, les animateurs télé algériens, qu'ils soient de l'ENTV ou de ses excroissances privées, savent exactement à quoi s'en tenir avec leurs invités. C'est simple, les autres, ils ne les invitent pas. C'est sans doute ce qui explique que le journaliste, ce jour-là, semblait si étonné. L'ENTV ne laisse aucune chance aux mauvaises surprises. Les autres laissent passer quelques écarts de pure forme, histoire de nourrir l'illusion. Mirage de diversité d'opinions et miroirs déformants des hommes qui lorgnent le même horizon bouché mais font, parfois, semblant d'être différents. Quand l'intervieweur du jour sort ses grands yeux, il est difficile de deviner pourquoi. Il est vraiment surpris ou il veut convaincre son monde qu'il est surpris pour mieux le mener en bateau ' On hésite un peu avant d'oser une réponse, avant de se rendre compte que la cause est entendue. Par les temps qui courent, un animateur de plateau de l'ENTV et ses annexes devrait plutôt être inquiet que surpris dans de pareilles situations. Il était trop serein pour être vrai, comme son interlocuteur, d'ailleurs. Lui, on a presque oublié qu'il avait été présenté comme un « candidat à la candidature» pour l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain. Et pour cause, en l'écoutant, il est difficile de croire qu'il en est un. En? hirakiste convaincu doublé d'un analyste de bon niveau, il a repris tous les arguments développés par les opposants les plus farouches au scrutin. Du maintien du « gouvernement nommé par Bouteflika aux mesures liberticides, de la composante de l'autorité des élections aux premières implications de l'administration dans la préparation du vote, de l'absence de «mesures d'apaisement en passant par «le candidat de l'armée », il n'a rien oublié, qui plus est avec une rare pertinence dans la formulation. On imaginait que l'animateur allait pousser un ouf de soulagement quand son invité avait fini par dire que c'était? pour «tout cela » qu'il avait décidé de présenter sa candidature ! Non il ne l'a pas fait parce qu'il le savait déjà. Mais il lui a quand même rappelé ses contradictions. Du coup, le « hirakiste-candidat a été moins brillant mais il ne s'en est pas mal sorti. Vous trouvez ça absurde, comme il est dit dans la pub ' L'histoire est pourtant vraie et elle est passée à la télé.S. L.
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Posté Le : 10/10/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com