Algérie

CAN-2012: omerta sur l'élimination du Cameroun avant la présidentielle


Le Cameroun est mathématiquement éliminé de la course à la Coupe d'Afrique des nations 2012, mais autorités et fédération font mine d'y croire avant l'élection présidentielle de dimanche dont le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est le grand favori.
Le match des Lions Indomptables face à la République démocratique du Congo (RDC), vendredi à Kinshasa, n'a aucun enjeu, les deux équipes ne pouvant se qualifier (ni en tant que premier du groupe E, place dévolue au Sénégal, ni parmi les deux meilleurs deuxièmes).
« Les règles arithmétiques n'appartiennent à personne, assène l'ancien gardien Joseph-Antoine Bell, une des rares voix discordantes. Tout le monde peut savoir lire et compter et donc comprendre que le Cameroun est éliminé. Ceux qui ont encore de l'espoir, ce sont certainement des personnes qui essaient de sauvegarder un quelconque intérêt. L'intérêt politique par exemple ».
Le sujet est très sensible dans un pays où l'équipe nationale, traditionnellement une des plus fortes d'Afrique, fait l'objet d'une vénération. Le président Paul Biya a souvent utilisé à son profit le football et son impact sur les 20 millions d'habitants. Alors, avouer que l'équipe n'a pas réussi à décrocher un sésame pour la CAN qui se déroule chez ses voisins du Gabon et de Guinée équatoriale où les supporteurs auraient pu se rendre par milliers, n'est pas à l'ordre du jour, souligne-t-on hors micros.
Le contexte camerounais est très tendu à la veille du scrutin. Les services de sécurité et de défense ont obtenu des rallonges budgétaires conséquentes pour s'équiper davantage. Les mesures de sécurité sont renforcées notamment à Yaoundé et Douala (sud, capitale économique).
En 2008, le projet de suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels (finalement adopté par la suite) ainsi que la vie chère avaient été à l'origine d'émeutes ayant fait 40 morts de source officielle et plus de 139 selon les ONG.
D'où l'omerta, les périphrases voire le mensonge: la plupart des médias rendent compte de la préparation des Lions Indomptables en oubliant de préciser qu'ils sont éliminés...
Jean-Paul Akono, directeur technique national adjoint, croit ou feint de croire qu'il existe encore une possibilité: « L'enjeu majeur de la rencontre RDC-Cameroun est d'abord une victoire des Lions. Même si beaucoup de personnes s'accordent à dire qu'avec 11 points, les Lions ne pourront plus se qualifier, je crois qu'après la victoire, on essaiera de voir parmi les meilleurs deuxièmes ».
Il poursuit dans la même lignée: « Si le Cameroun ne peut pas y figurer bien que le règlement de la CAF soit très tordu.... D'ailleurs, je n'y comprends rien. Gagnons d'abord ce match et si nous ne faisons pas partie, avec nos 11 points, des équipes susceptibles d'être repêchées comme meilleures deuxièmes, ce match nous servira certainement de préparation pour les échéances de 2013 ».
L'ancien international François Omam-Biyik, sélectionneur adjoint, abonde: « Nous espérons terminer les éliminatoires avec une deuxième victoire à l'extérieur. Les chances de qualification du Cameroun ne sont pas nulles bien qu'elles soient très minimes ».
Certains avouent que « les carottes sont cuites » mais espèrent un éventuel forfait et un repêchage miraculeux. De quoi faire ironiser Joseph-Antoine Bell: « Peut-être ont-ils un tuyau que vous et moi n'avons pas, une relation particulière. Le président de la CAF (Issa Hayatou) est camerounais, peut-être veulent-ils exploiter cette piste' ».
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