Algérie

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«On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse.» Georges Clemenceau
Ce que mon ami Hassan me reproche le plus souvent, et ce d'une manière aussi constante que catégorique, c'est de faire référence le plus souvent à ce qui se passe de l'autre côté de la mer, là où vivent beaucoup de nos compatriotes et où espère désespérément atterrir l'autre partie. Je veux parler de l'ancienne puissance coloniale qui pèse encore de tout son poids sur notre façon de penser et quelquefois même d'agir. Je lui réponds toujours aussi franchement et aussi vertement: «Contrairement à toi, je suis une vraie et totale victime du colonialisme. Je n'ai pas eu ta chance, c'est-à-dire que mes parents n'ont pas eu les moyens ou le désir d'aller s'installer dans un pays frère qui, même s'il a perdu sa souveraineté, a quand même gardé sa personnalité. Donc, j'ai eu l'heur et la chance d'aller à l'école républicaine et laïque. Ensuite, il me paraît mal placé de critiquer un simple citoyen, qui vit d'une retraite qui se dévalue tous les jours, d'avoir les yeux braqués et les oreilles pointées vers l'espace où beaucoup de nos compatriotes à qui la chance a souri ont placé une bonne partie de leur fortune. Il est inconvenant de critiquer un citoyen désargenté et dénué de toute responsabilité politique ou administrative de se brancher sur les chaînes satellitaires quand des affairistes et des milliardaires achètent des châteaux en Espagne ou dans l'espace Schengen, contribuant ainsi à l'irrésistible chute du dinar, ou quand des hommes politiques sollicitent des institutions françaises pour y exprimer leurs états d'âme. Et puis moi, je peux me targuer de n'avoir qu'une nationalité... ce n'est pas le cas de certains qui se prévalent d'un passeport de secours. Bref, ce n'est pas de ma faute si je m'abreuve tous les jours à leurs sources d'information: elles sont plus crédibles que les nôtres, vu que leur espace audiovisuel s'ouvre tous les jours un peu plus quand le nôtre est fermé à triple tour. Et puis, cinquante années après l'Indépendance (qui n'a pas souri à tout le monde de la même façon, tu en conviendras), on s'aperçoit qu'on nous a menti sur toute la ligne et qu'on a été refaits comme des bleus. La campagne présidentielle qui débute là-bas est un spectacle édifiant par bien des aspects: il est démocratique et les principaux candidats ont les mêmes droits d'accès aux médias publics, ce qui est loin d'être le cas chez nous où il y a des partis qui n'ont même pas reçu d'agrément des années après leur dépôt de dossier. D'abord, je m'étonne du culot du candidat qui ne s'est pas encore déclaré: il essaie de faire en trois mois le contraire de ce qu'il a fait en cinq ans. Il doit prendre ses électeurs pour des petits enfants! Moi, si je devais prendre part à une campagne électorale dans le simple rôle, bien entendu de conseiller en communication, je soufflerais à l'oreille du candidat qui m'emploie des avis qui amélioreraient d'abord la vie quotidienne du simple citoyen, celui qui prend le chemin tous les jours pour aller à son boulot: à pied, à cheval, en voiture ou en bateau à voile. Je ne m'occuperais pas des problèmes qui me dépassent, comme la dette publique, le déficit commercial hors hydrocarbures: je me focaliserais sur le premier problème qui choque tous les citadins qui aiment leur ville: supprimer les trottoirs! Tu me diras pourquoi' Eh bien parce que les trottoirs ne servent plus qu'à ceux qui les utilisent: les commerçants de l'informel. Dire que les gens criaient au scandale quand d'infortunés automobilistes garaient carrément leur bagnole sur le trottoir. Mais, le trottoir est fait pour cela: au Moyen Age, les urbanistes avaient imaginé les trottoirs pour permettre aux seigneurs d'y chevaucher à l'aise. C'était la ligne bleue de l'époque. Puisque l'auto a remplacé le canasson, il est logique que le trottoir lui revienne, du moins pour stationner.


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