Algérie

Caméra angle opposé



L’Amérique ne croit plus aux fantômes Ils sont tous partis, laissant seul le président de la nation la plus puissante de la planète. Powell, le gentleman, menteur malgré lui, Wolfowitz qui vient de se faire éjecter de la Banque mondiale, Rumsfeld qui n’a pas résisté à la tentation de faire quelques expériences sur des prisonniers à Abou Ghraïeb, Berlusconi poursuivi pour corruption, Aznar qui a plongé l’Espagne dans l’horreur du 11 mars 2004 et Blair qui file à l’anglaise le 27 juin. Tous. Il ne reste que Cheney pour soutenir une guerre que ces génies avaient mal appréciée parce qu’ils avaient vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Une peau qui vaut 25% des réserves mondiales de pétrole, la vraie raison de cette croisade contre l’Irak. Problème. La guerre commence à peser très lourd en soldats et en dollars. 138 ont été tués entre le début de la guerre le 20 mars 2003 et l’annonce de sa fin, par G.W. Bush, le 1er mai 2003. 3.295 autres sont venus allonger la liste pour la porter à 3.433 soldats tués par des Irakiens qui ne veulent plus de cette «libération» américaine. Sans compter les 17.469 blessés qui traînent des handicaps physiques, de véritables épaves humaines exposées au regard de leurs concitoyens qui commencent à comprendre la monstruosité faite aux Irakiens privés d’eau, d’électricité, qui ne savent plus s’ils rentreront quand ils sortent et s’ils se réveilleront le lendemain quand ils ont eu la chance de se barricader après une nuit de veille. Une libération, même saupoudrée de démocratie, dont ils se seraient bien passés pour continuer à vivre sous la paisible «terreur» du «tyran» pendu, une dictature, certes, mais dans laquelle ils mouraient de vieillesse. 90.000 soldats américains et irakiens parmi les plus expérimentés quadrillent Baghdad. Cela n’a pas empêché le nombre de soldats américains abattus d’augmenter, plus qu’avant la mise en place de ce plan gigantesque qui ne protège personne, pas même la zone verte, le lieu ultrasécurisé. 103 soldats US ont été tués en avril, et 85 l’ont été durant ce mois qui n’en finit pas «d’améliorer» les cartons. Neuf soldats tués mardi. Des pertes qui alignent des records et qui plongent l’Amérique dans l’effroi. Bush a perdu sa majorité dans les deux chambres et des sénateurs de son propre parti menacent de voter contre lui s’il ne fixe pas de limites à cette guerre déjà perdue. Contre l’évidence, le président américain continue de croire qu’il gagnera quelque chose et que le départ de ses troupes créera le chaos en Irak. Le même discours a été tenu par ses prédécesseurs au Vietnam et les Français en Algérie. Ces deux pays ne se portent que mieux depuis que les agresseurs sont partis. En perte de vitesse, de crédibilité, de puissance et d’assurance, Bush vient d’appeler sa créature au secours: Ben Laden a tenté de transformer l’Irak en «sanctuaire» pour préparer des attentats aux Etats-Unis mêmes. Existe-t-il de pire sanctuaire que celui qui fait de l’Irak un territoire où les soldats américains les mieux équipés et les plus entraînés ne se hasardent plus, même à bord de véhicules les plus blindés? Déclassifier des informations sécrètes pour bien faire apparaître le fantôme a été la manœuvre de trop, d’autant plus que la limite (mois de septembre) imposée pour couper le financement aux troupes en Irak approche trop vite. Ce ne sera pas en changeant de plan, de commandant en chef ou en convoquant un mort, si jamais il a existé, que l’Amérique s’en sortira. De toutes les façons, l’Amérique ne croit plus aux fantômes.


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