Algérie

Caméra angle opposé



La tarte arabe La dernière rencontre publique entre des officiels américains et iraniens remonte à 2004 en Egypte, à l’occasion d’une conférence internationale à Charm-Eccheikh. Assis côte à côte lors du dîner, Colin Powell -le secrétaire d’Etat de l’époque- avait eu avec son homologue iranien Kamal Kharrazi une «conversation polie», selon l’Américain. Depuis, le ton n’est plus aux politesses entre l’Amérique de Condoleezza Rice et l’Iran de Manouchehr Mottaki, les deux faucons qui ont succédé à Powell et Kharrazi et qui donnent l’impression que la paix dans le monde est le cadet des soucis de leurs gouvernements respectifs, avec un avantage de légitimité du second qui défend son pays du risque d’une agression militaire proférée par le premier. En acceptant de s’asseoir autour d’une même table, à l’occasion de la conférence sur l’Irak qui s’ouvrira samedi prochain, Américains et Iraniens -auxquels il faudra ajouter les Syriens- adopteront-ils le même comportement qu’en Egypte?Il est douteux que la rencontre de Baghdad débouche sur un quelconque succès, car si les Américains ont fini par accepter la présence de représentants de «pays voyous», c’est bien pour les convaincre d’arrêter de dévoyer des Irakiens que l’armée américaine (moins les 3.200 soldats morts) tente sans succès de convaincre que l’invasion de 2003 est un bienfait du (néo)colonialisme. Paradoxalement, c’est là que réside le problème, car les Iraniens estiment que le rétablissement de la sécurité, en Irak, passe par le départ des troupes étrangères, donc des Américains. Cette position des Iraniens justifie, à elle seule, les propos des Américains qui accusent les Mollahs de s’ingérer dans les affaires internes d’un pays souverain. Accusation que rejette l’Iran qui accuse, à son tour, les Etats-Unis d’avoir violé la légalité internationale en envahissant, justement, un pays souverain. Un dialogue de sourds qui n’a aucune chance d’aboutir afin de mettre fin à une guerre civile, certes, mais surtout à la déroute de la puissante armée américaine qui s’enlise chaque jour davantage en Irak et en Afghanistan deux pays voisins de l’Iran. Pourquoi alors cette conférence si elle a toutes les chances de ressembler à un échec programmé? Et s’il ne s’agissait que d’une rencontre masquée entre des Américains et des Iraniens qui refusent officiellement de se parler? Une réunion qui aura pour mission de distribuer de nouveaux rôles, une sorte de Yalta pour le Moyen-Orient où Américains et Perses se distribueront la tarte arabe? L’Irak aux Américains et le Liban aux Israéliens contre l’assurance d’une non-agression américano-sioniste et le droit au nucléaire (civil officiellement) derrière lequel court Téhéran?


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