Algérie - Revue de Presse


C’est cela la gouvernance arabe Ali Abdallah Saleh a participé, à l’âge de 20 ans en 1962, au renversement de l’imamat zaydite sous le règne de l’Imam Ahmad (1948-1962), et à l’instauration de la république. Après l’assassinat du président Ahmad Al-Ghachmi, en juin 1978, Saleh est élu président du Yémen du nord. Comme tous les présidents de pays instables, il s’entourera d’un noyau de proches, notamment ses frères, qu’il nomme à des postes clés de l’appareil militaire et de sécurité. Sa principale réalisation reste la réunification du Yémen, dont il a assumé les fonctions de président lors de la fusion du Nord et du Sud en 1990. Il préservera cette unité, quatre ans plus tard, en écrasant une nouvelle tentative de sécession sudiste et gouvernera seul. S’appuyant sur l’armée et l’appui capital des tribus, il gouvernera, 28 années durant, l’un des pays les plus pauvres du monde. En 2006, son mandat arrive à échéance et le pays doit organiser des élections présidentielles. Après tant d’années de pouvoir, le président annonce son intention de se retirer des «affaires». Il espérait «placer» son fils pour perpétuer le règne des Sanhan, tribu dont il est issu et qui fait partie de la puissante confédération tribale des Hachid, à l’image de ce qui avait été fait en Syrie. Comme projetaient de le faire Moubarak et Kadhafi pour leurs fils, qui occupent de hautes fonctions dans les rouages des deux pays. Comme Ahmed, l’un des sept fils du Yéménite, un lieutenant-colonel de 37 ans qui se trouve être le patron de la Garde républicaine et des forces spéciales, un successeur en puissance de son père qui était président dans le même âge.Confronté à des pressions occidentales pour démocratiser le pays, Ali Abdallah Saleh ne peut introniser Ahmed. Comment continuer, alors, à occuper le fauteuil présidentiel quand on a annoncé son départ et qu’on n’a que 64 ans, c’est à dire un âge où l’on entame une carrière? La solution est simple dans le pays de la Reine de Saba: convoquer un congrès extraordinaire et se faire supplier d’accepter de se porter candidat à sa propre succession! Aussitôt dit, aussitôt fait. Ali Abdallah Saleh a annoncé, samedi passé, qu’il acceptait de briguer un nouveau mandat présidentiel de sept ans. Ce qui portera à 35 ans la durée de sa présidence. Si bien sûr, en 2013 le même scénario n’est pas reconduit. Le premier à applaudir cette «grande décision» fut son homologue, tout aussi recordman du fauteuil, le guide Mouammar Kadhafi. Comment peut-on, dans ces conditions, construire un ensemble arabe homogène et solidaire, quand tous ses dirigeants se détestent cordialement depuis des décennies, parce que ce sont les mêmes qui détiennent le pouvoir, qui ont passé des années à s’insulter les uns les autres et à soutenir, réciproquement, leurs adversaires? Est-il logique, quand on est confronté à des tentatives de renversement, que la population «supplie» un homme qui n’a pas réussi à sortir son pays de la pauvreté dans laquelle il est? Il est très peu probable que le monde arabe puisse, un jour, changer de mentalité. Il n’y a qu’à compter les dirigeants arabes qui ont accepté l’alternance, pour s’en convaincre.


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