Algérie

Calmes et sereines, les locales à l'ouest d'Alger et Tipaza: "C'est la première fois que j'assiste à des élections sans problème "



" C'est la première, depuis plus de quinze ans, que j'assiste à des élections locales sans problème ni contestation " dira Kader Hamid, chef du centre Benbadis, de la commune côtière de Bou Ismail, longeant la côte ouest d'Alger en allant vers Tipaza. En effet, les électeurs munis de leurs cartes d'identité et de vote accomplissaient, au moment de notre arrivée, dans le calme leur devoir électoral, ce jeudi de pluie qui augure de bons labours pour la campagne agricole 2012-2013. Ce métreur-vérificateur de profession, qui a supervisé de nombreuses élections locales au niveau du centre Abdelhamid Benbadis, n'a pas manqué de faire cette réflexion, de lui-même, pour dire à quel point le scrutin s'est déroulé dans des conditions normales et aucun problème n'a été oulevé par un parti ou un candidat. Les élections locales, chauffées souvent à blanc, ne sont pas, dit-il, comme les autres, car les élus et les électeurs se connaissent et se surveillent mutuellement et parfois ils arrivent, a-t-il ajouté, à l'irréparable. Or ce n'est pas le cas ce jeudi de tous les défis démocratiques, où l'éclaircie apparaît timidement dans le ciel en fin de matinée. Selon lui, sur les 6500 électeurs inscrits, 600 ont déjà accompli leur devoir civique aux environs de midi, soit un taux de 18 %. " Nous avons enregistré jusqu'ici, seulement 60 personnes qui ont voté avec leur carte d'identité pour cause de perte de leurs cartes électorales. Mais elles sont inscrites sur les registres dont nous avons vérifié les noms " a-t-il ajouté, mettant en évidence le premier votant au centre Benbadis. " La première personne qui a voté dans ce centre est un vieux de 75 ans qui s'est présenté à la première heure, dès l'ouverture des bureaux de vote " tient-il à préciser, se déplaçant d'un bureau de vote à un autre pour répondre aux sollicitations des uns et des autres en termes de renseignements ou d'explications. Les représentants des partis ne sont pas tous présents à leur poste dans les bureaux de vote, comme le prévoit la loi, pour qu'ils constatent de visu l'opération électorale et détecter les cas d'irrégularité. Mais dehors l'ambiance est tout autre. La campagne électorale n'est pas encore finie pour ce jeune qui nous prend pour des électeurs et nous propose sur un bout de papier de voter pour le " 22 ", c'est-à-dire le FLN. Sur les murs des communes de Bou Ismail et Ain Tagourait, trois partis se livrent une bataille sans merci avec des écriteaux. " Voter pour 22 " et " Voter 30 " (Front Moustakbel) ou encore " Voter 47 " (Front National Algérien). Ces trois formations politiques semblent dominer le jeu de bout en bout et favorites sur les communes littorales de la côte Ouest.
Les femmes en première ligne
Mais la surprise est au féminin. En dépit d'un temps de pluie et de grisaille, les jeunes, femmes, vieilles et vieux se sont emmitouflés d'habits chauds, tôt le matin, pour aller voter et faire la différence. Mais les femmes sont en première ligne. C'est ce que nous avons constaté tout le long de la route menant de Staoueli jusqu'à l'entrée de la ville de Tipaza où les restaurants et les cafés qui grouillaient de monde, d'habitude, sont presque vides en ce 29 novembre, un jour mémorable dans l'histoire de l'Algérie contemporaine. C'est vrai le temps y est pour quelque chose, selon le garçon de salle, mais en partie seulement, si on regarde un peu du côté routes et centres de vote. Des jeunes ne désirent pas aller voter car ils ne trouvent pas, selon certains rencontrés dans les cafés, de candidats honnêtes et dévoués à la chose publique et d'intérêt général. C'est ainsi les sons de cloche entendus, ici et là, chez des jeunes rencontrés aussi du côté du port de plaisance et pêche de Tipaza dont le mur de "protection " a complètement brisé la vue sur la Méditerranée, soutiennent des commerçants avoisinants. " Oualah ! C'est un vrai mur de Berlin qui a été construit entre le port et la mer. Il est trop élevé, ya sahbi !. Pourquoi gaspiller tant d'argent pour rien ' Peut-être fiha Tchippa " dira Rachid, outré apparemment par le comportement de certains élus locaux qui ne font rien pour embellir Tipaza, dit-il, pour mériter le cachet touristique et drainer des flux de touristes. Un autre jeune nous explique son refus d'aller voter par une considération urbanistique. L'allée du port était, dit-il, piétonnière et est réalisée avec de la pierre pour être plus esthétique. " Regardez aujourd'hui comme elle est moche avec du goudron et l'accès ouvert aux voitures " a-t-il ajouté, avant de soulever la barrière à un automobiliste qui vient d'arriver. "Comment voulez-vous aller voter pour des candidats qui vont nous oublier juste après le vote. Vous leur demanderez une simple réception pour poser un problème tel que " taa el khadmaa " où " taa daar ", ils ne vous répondront même pas " estime un autre qui travaille aussi comme agent de sécurité dans les parages. Le jeune Abdelkader est plutôt favorable au vote. " Des que je termine le travail en fin de journée, je vais voter pour des personnes crédibles et capables de travailler dans l'intérêt du peuple et des " Zaoualiya " " dit-il, avant de rejoindre un automobiliste qui veut garer sa voiture. Mais les avis sont divergents sur la question. Un autre jeune, un cafetier du coin de Cyber Espace n'affiche pas le meme avis. " Tous les jeunes ont des problèmes ; même s'ils travaillent. Mais ils votent pour le changement et briser le cercle de vote copinage et d'intérêts " dit-il, avant de signaler que le travail existe de nos jours. " Si vous leur proposez du travail dans le bâtiment ou l'agriculture, les jeunes refusent souvent. Donc ils veulent du travail dans les bureaux ou assis sans effort " a-t-il ajouté. Sur le chemin du retour vers Alger, une foule compacte attire notre regard à l'entrée de Ain Tagourait, ex-Genbart. Il s'agit de l'Ecole Bouaziz, un centre de vote pour femmes où sont inscrites 2291 électrices. " Nous avons enregistré 374 femmes votantes aux environs de 12 H 45 ; ce qui est important lorsque l'on sait que les femmes votent généralement l'après-midi " signale Madame Brahimi ; alors que les femmes s'alignent en file indienne devant le bureau n° 8 pour accomplir leur devoir électoral en toute tranquillité. La première électrice est, dit-elle, une femme au foyer d'une soixantaine d'années. La pluie reprend de plus belle. Mais les villes de Bou Ismail, Fouka et Zéralda ne désemplissent pas pour autant. Tout le long de la route, il y a des groupes de personnes qui retournent aux champs ou se dirigent vers les bureaux de vote limitrophes.
" Si j'ai rencontré une personne malhonnête au centre, je n'y resterais pas une minute "
Merakchi Daoudi, chef de centre Kheloufi Djilali à Zéralda semble satisfait des résultats affichés par les bureaux. Deux urnes transparentes trônent dans chaque bureau de vote, entre bulletins bleus, blancs, superviseurs, la présence d'agents de bureau électeurs ainsi que les représentants de partis qui veillent au moindre mouvement suspect. Mohammedi Krimo, chef de section est bénévole, dit-il, pour surveiller l'opération électorale pour la première fois. " Si j'ai rencontré une seule personne malhonnête dans ce centre, je n'y resterais pas une minute, pour vous dire que les gens qui sont désignés comme agents et responsables au niveau de ce centre sont parfaitement des gens bien et de bonnes familles. Ils ne trichent pas. Vous savez on connaît qui est qui au niveau pour les élections locales " tient à préciser ce jeune directeur technique au niveau de l'entreprise CHUBB Algérie. Il tient aussi à nous expliquer l'importance de cet événement en termes d'enjeux politiques et de développement local. Ainsi le vent de changement et de progrès social pour tous fait son chemin. Il n'est plus un simple état d'esprit ou une vision chimérique chez cette nouvelle génération d'Algériens pétris dans les valeurs de partage, bravoure et de justice sociale. Les Krimo comme lui émergent de plus en plus de la société pour imposer les valeurs ancestrales de l'Algérie combattante, solidaire et fraternelle. L'éclaircie persiste et revient de plus belle. Elle chasse les nuages gris du ciel d'Azur-Plage. Le centre de vote Aida Ali connaît au grand jour une animation marquée notamment par l'arrivée de femmes en groupes qui se dirigent vers les bureaux dont elles semblent être familières. D'un pas décidé et d'un geste sans équivoque, elles sont convaincues de la portée politique et économique du scrutin ainsi que des impératifs de partage équitable des richesses nationales. "Nous voulons ceux qui travaillent le pays et pour le peuple" dira simplement une vieille dame rencontrée à la sortie du bureau de vote n° 2. Ainsi, tout porte à croire que la responsabilité des élus est lourde de sens et de conséquences au vu des attentes légitimes et légales de la population.


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