Algérie

Calme et inquiétude



Calme et inquiétude
Chaque communauté est retranchée dans ses quartiers, guettant la moindre étincelle qui pourrait rallumer la mèche et commentant les folles journées de heurts.Ghardaïa.De notre envoyé spécial La vallée du M'zab retrouve peu à peu son calme après plus d'un mois d'affrontements violents qui ont mis le feu à Ghardaïa. La ville, soumise à une tension vive, a connu hier une journée sereine.Mais la peur était perceptible chez les Mozabites comme chez les Arabes qui redoutent la reprise des hostilités. Le mot d'ordre de grève des commerçants mozabites n'est pas levé. Les quartiers de la communauté ibadite sont «morts».Les rideaux des magasins restent baissés et la place du mythique marché de Ghardaïa, qui grouille habituellement de monde et de marchandises, était, hier, encore vide. Il a retrouvé un peu d'animation, vers 18h, lors d'une assemblée générale des commerçants pour débattre de la suite à donner à leur mouvement de grève, toutefois sans sortir avec une décision. Mais ce n'est pas seulement le commerce qui est paralysé, les portes des établissements scolaires aussi demeurent fermées et des milliers d'écoliers et de collégiens restent chez eux, attendant le retour de la stabilité pour reprendre le chemin de l'école. «Tant que la sécurité n'est pas totalement assurée, nous ne pouvons pas rouvrir nos magasins», assure un notable mozabite.Dans les quartiers arabes, la tension est aussi perceptible et les stigmates des journées de barricades sont encore visibles. Malgré le retour au calme, la vallée offrait, hier, l'image d'une ville coupée en deux.Les façades des maisons saccagées et les véhicules vandalisés sont encore là pour rappeler l'ampleur de la violence qui a secoué la vallée. Les membres des deux communautés ? mozabites et arabes ? ne se hasardent pas dans les quartiers «adverses». Chaque communauté est retranchée dans ses quartiers, guettant la moindre étincelle qui pourrait rallumer la mèche, commentant les folles journées de heurts. Signe d'une inquiétude qui s'empare encore des habitants de la ville. Chaque communauté accuse l'autre d'être à l'origine des premières attaques qui ont plongé Ghardaïa dans une spirale de violence faisant deux morts et des centaines de blessés.A chacun sa version des événements. Mais la plupart des habitants ne comprennent pas pourquoi et comment la ville est engluée dans des affrontements violents. Une frontière s'est établie entre les quartiers mozabites et arabes. Des quartiers pourtant enchevêtrés, que seul l'impressionnant dispositif de sécurité mis en place a pu imposer.Des policiers en faction occupent les moindres recoins de la ville. Un véritable quadrillage sécuritaire. Le déploiement de la Gendarmerie nationale est encore plus impressionnant. La ville est totalement sous contrôle. Des escadrons sont stationnés dans les zones les plus sensibles et stratégiques. Des colonnes de gendarmes établissent des frontières entre les secteurs hostiles. «Nous avons mobilisé plus de 3000 hommes pour rétablir l'ordre dans la wilaya, avec une forte concentration dans la vallée. Nous avons réussi à ramener le calme en dépit de la difficulté de la situation et du terrain, grâce au dialogue que nous avons pu établir avec les manifestants», a indiqué le commandant du groupement de gendarmerie, le colonel Ali Remouane, en inspectant tous les points de contrôle, hier en début de soirée. Pendant cette tournée, le colonel reçoit un appel téléphonique l'informant que deux présumés assassins du jeune Mozabite, Hadj Saïd Khaled, mort avant-hier, ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt.Et pendant que la vallée se fraye un chemin vers la sérénité au milieu des stigmates de la violence, les communautés en conflit espèrent renouer avec la «paix», mais sans se parler. Du moins pour l'instant.




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