Algérie

Calculs d'épicier



Calculs d'épicier
L'optimisme du représentant spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, ne convainc pas grand monde. Alors que, le 19 septembre, il indiquait que les négociateurs libyens de Skhirat avaient trouvé un accord sur huit des neuf points débattus, le parlement reconnu par la communauté internationale, qui siège à Tobrouk, est lui-même en proie à de graves divisions et pourrait connaître une scission avant la fin de la législature, le 20 octobre prochain.Un important groupe de députés, représentant en majorité la Cyrénaïque, appelle à proroger le mandat du parlement et à organiser une élection présidentielle sous sa supervision. Alors qu'un autre groupe de députés demande la formation d'un «conseil militaire», qui conduirait les affaires du pays durant une phase de transition d'un an, au terme de laquelle des élections présidentielle et législatives seraient organisées. Selon des sources locales, les divergences entre le commandant en chef de l'armée, le général Khalifa Haftar, et le Premier ministre reconnu par la communauté internationale, Abdallah al-Theni, ont atteint le point de non-retour. Le 16 septembre, ce dernier aurait même été empêché par l'armée de voyager à partir de l'aéroport de Labrak, à l'est de Baïda. Et certains parlementaires proches du général Haftar auraient menacé de retirer leur confiance au gouvernement, suite à des accusations de corruption. L'équipe gouvernementale d'Abdallah al-Theni semble d'ores et déjà frappée de paralysie, alors qu'un certain nombre de ses membres, dont le Premier ministre, pourraient être contraints de quitter la Libye pour des raisons de sécurité. Le président du parlement, Akila Saleh, s'efforcerait, quant à lui, de maintenir l'unité de l'institution, avec l'aide d'un envoyé spécial du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Par ailleurs, le projet «final» d'accord présenté le 21 septembre par l'envoyé spécial onusien renvoie à plus tard la question de la mise à l'écart de Khalifa Haftar, toujours réclamée par l'Ouest. Mais le patron de l'armée de l'Est s'est assuré, par son offensive du week-end contre Benghazi, de rester incontournable sur l'échiquier libyen quelle que soit l'issue des négociations. Les raids aériens, suivis d'opérations terrestres et supervisés depuis le 19 septembre par un général Haftar survolant ostensiblement la cité portuaire en hélicoptère, ne visaient pas seulement à torpiller les tractations menées par le représentant spécial des Nations unies. Khalifa Haftar cherchait aussi à faire taire les rumeurs de brouille avec certains de ses plus proches lieutenants, en particulier le patron de ses forces aériennes Sakr Al-Jarouchi. Toujours sur le plan intérieur, l'opération lui a également permis de multiplier les manifestations de soutien «spontanées». Un grand nombre de conseillers municipaux de l'Est - dont celui de Benghazi - se sont ralliés à sa cause, tout comme la Chambre des représentants de Tobrouk. Voilà qui ressemble à s'y méprendre à une répétition générale de la mise en place du Conseil militaire imaginé par Khalifa Haftar pour se substituer au pouvoir civil après la fin du mandat de la Chambre des représentants, le 20 octobre prochain. Le général veut aussi conforter son emprise militaire sur la seconde ville du pays et d'être en position de force lors de la reprise des négociations de formation d'un gouvernement d'union nationale.




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