Algérie

Cafouillage et manque de visibilité



Du côté des intervenants du secteur du commerce extérieur, la réticence et l'incompréhension sont de plus en plus de mise.Les mesures annoncées récemment en Conseil des ministres en vue d'une meilleure régulation des importations suscitent un climat d'incertitude parmi les opérateurs économiques, en raison du manque total de visibilité dans ce secteur.
Frilosité et appréhensions s'emparent ainsi de nombreux intervenants dans la chaîne des opérations de commerce extérieur, qu'il s'agisse d'importateurs, de producteurs en mal d'intrants, et même de cadres d'administrations et de banquiers censés superviser les opérations de contrôle et de domiciliation de transactions courantes d'importations de biens et services.
Lors de sa réunion du 20 septembre écoulé, le Conseil des ministres a en effet annoncé, à travers un communiqué officiel diffusé par la présidence de la République, qu'il sera exigé à l'avenir "de soumettre tout engagement financier dans l'importation et toute transaction en devises, à l'approbation préalable du Conseil du gouvernement en vue de protéger le produit national, encourager sa consommation au niveau local et préserver les réserves de changes".
Le même communiqué fait état au demeurant de l'obligation de "soumettre à l'approbation préalable du Conseil du gouvernement ou du Conseil des ministres, en cas de nécessité, toutes les mesures relatives à la définition de la liste des produits interdits à l'importation".
D'apparence anodines et allant tout à fait dans le sens d'une meilleure régulation du secteur du commerce extérieur pour freiner l'emballement des dépenses du pays à l'importation, ces nouvelles mesures pèchent pourtant par leur incohérence et par le manque de clarté quant à leur champ précis et leurs modalités d'application.
Une confusion et des ambiguïtés que n'ont pas manqué d'alimenter encore davantage de récentes déclarations du ministre du Commerce, indiquant que le retour au système de licences et quotas d'importations n'est pas du tout à l'ordre du jour.
Aussi, du côté des intervenants du secteur du commerce extérieur, la réticence et l'incompréhension sont de plus en plus de mise, dès lors que les barrières et restrictions déjà en vigueur dans le domaine des importations empêchent toute visibilité à court terme et compliquent grandement les relations avec bon nombre de fournisseurs étrangers.
"Auparavant, nous effectuions jusqu'à cinq opérations par an, mais nous avons déjà réduit cette fréquence à deux transactions au maximum en raison des lenteurs et restrictions à l'import", témoigne en ce sens un responsable d'une entité d'importation d'équipement et process, activant avec de nombreuses entreprises nationales publiques et privées.
Selon lui, si les opérations de commerce extérieur doivent être effectivement soumises au préalable à l'approbation du Conseil du gouvernement, "cela rendrait les délais des transactions complètement irrationnels et entraverait très sérieusement l'approvisionnement du marché national en divers produits et services".
Un son de cloche que corroborent certains banquiers de la place locale, qui soulignent en substance la quasi-impossibilité de pouvoir soumettre à chaque fois aux instances du gouvernement les milliers d'opérations de domiciliations bancaires d'importations qu'ils ont à traiter régulièrement.
D'où, en définitive, la nécessité pour l'Exécutif de veiller rapidement à préciser les modalités pratiques de ses nouvelles mesures de régulations des importations aux fins d'éviter d'aggraver les cafouillages et la panique au sein de la sphère économique domestique.

Akli REZOUALI


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