A Mila, la femme investit de plus en plus d'espaces publics. Les conditions économiques de certains ménages poussent la femme jusqu'à exercer des métiers qui étaient, jusqu'à une date récente, une chasse gardée des hommes.Vendeuse dans les magasins privés, serveuse dans les restaurants et les snacks, ou conductrice de bus sont quelques-uns de ces métiers auxquels la femme n'avait pas accès à Mila, il y a moins d'une décennie. Or, à la faveur des mutations enregistrées dans les m?urs sociales locales, la gent féminine est de plus en plus visible dans ces espaces. Toutefois, malgré son émancipation, qui semble, à première vue, totale, la gent féminine continue de cultiver une certaine distance par rapport à certaines sphères publiques. A titre d'exemple, on ne peut rencontrer une femme dans les cafés, ni dans un marché hebdomadaire.
Ces espaces conservent intact leur caractère viril ancestral et ne sont encore jamais foulés par les femmes. Des cultures traditionnelles encore bien ancrées dans la société locale continuent donc de présenter ces lieux sous des jours peu heureux, voire horribles, ce qui pousse les femmes à s'en éloigner.
Dans l'imaginaire féminin, les marchés hebdomadaires, désignés par le mot «sog», avec toutes les connotations que ce terme suggère, ne sont autres que des foires infestées par la pègre et où règnent le désordre et des antagonismes qui n'en finissent pas entre marchands et clients.
Situés depuis toujours à l'extérieur des villes, les marchés hebdomadaires, dominés par le négoce des bestiaux et la vente à la criée, sont des milieux imprévisibles, invivables et dangereux pour les femmes qui, malgré tout, continuent de nourrir de l'appréhension pour les espaces éloignés des milieux urbains. Les autres espaces où les femmes ne daignent pas se montrer sont les cafés.
En tant qu'observateur, on pourrait dire que les raisons qui empêchent les femmes d'aller dans les estaminets sont aussi d'ordre culturel. Les femmes ont toujours considéré les cafés comme des lieux de sociabilité exclusivement masculins. «C'est honteux pour une femme d'aller dans les cafés parmi les hommes», nous dit une enseignante sondée sur la question.
Une femme dans un café, assise au milieu des hommes à siroter, dans un nuage de fumée de cigarettes, une tasse de café ou de thé, est une image qui ne se présentera certainement pas demain à l'esprit d'une ménagère à Mila. Pour l'anecdote, ZahiaBenkara, maire de la commune de Chigara à Mila, avait dit au lendemain de son élection, en 2017, à la tête de la commune : «Il n'y a aucune différence entre un homme et moi. Sauf que lui, il peut aller dans les cafés et moi non.»
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Posté Le : 07/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Bouabdellah
Source : www.elwatan.com