Algérie

Ça rallume des cendres'.



Thème universel, s'il en est, la mort n'en finit pas de questionner, d'apostropher. C'est ainsi que, dans la nuit de jeudi à vendredi, l'on ne pouvait pas ne pas être interpellé par le tapage médiatique du côté de Paris. Le show-bizz y rallumait les cendres. Et, sans être particulièrement portés sur ce qui ne nous appartient pas, la curiosité l'emportera sur l'impérieuse envie de dormir. Pourquoi tout ce raffut' Pour vendre un album, celui d'un Johnny Hallyday, pourtant mort et enterré en décembre dernier. Allait-t-il ressusciter à minuit ' Journalistes, paparazzis, fans, invités triés sur le volet, tous semblaient exiger l'immortalité de l'artiste. Tout aura été prévu pour la découverte de l'?uvre d'outre-tombe. Une fois les dernières notes éteintes, les managers, directeurs artistiques, etc? diront la grandiloquence de l'album, à la mesure du titre : «Mon Pays c'est l'amour». Mais de quel pays s'agit-il ' De la France, de la Belgique, des Etats-Unis, ou de la petite île de Saint-Barthélemy, où est enterré le baladin éteint ' Motus et bouche cousue, ce pays doit être immense et tout petit à la fois. Une mesure adaptée au chanteur, à son rock'n'roll et à sa dégaine chargée d'électricité. Ses démons, ses extravagances, ses joies et ses peines illustrent, en noir et blanc, la photo de l'album du disparu aux trois cancers (!?). Artistiquement, faut reconnaître que ça a été bien ficelé, pour susciter compassion, émotion et nostalgie. N'empêche, comme on dit chez nous, «ne reste dans l'oued que ses cailloux»? Et l'un de ces cailloux a parlé post-mortem. Il a pour titre : «J'en parlerai au diable». Là, fallait tendre l'oreille pour entendre l'étrange et sourde mélopée d'un trompe-la-mort, d'un casse-cou ayant vécu sa vie telle, justement, un beau diable, une croix de piété à son cou. «Si jamais on me dit que j'ai trahi, je ne broncherai pas. [?]. J'en parlerai au diable si mon heure a sonné [?], il saura m'écouter», disent les paroles. On ne saura jamais si le diable aura su l'écouter mais, ce qui est sûr et certain, c'est qu'ils se connaissaient comme des larrons en foire ! Avec son rock revanchard, ses jambes écartées, le Johnny fier-à-bras n'avait rien d'un ange, malgré le blues de rédemption perçu sur l'album posthume. Reste et restera la vraie histoire du saltimbanque, plus incroyable que la fantaisie de cathédrale, où la messe a été dite par une maison de disques. Et le vendredi soir, qui se pointe au J.T. de TF1 ' La veuve, Laeticia, qui ouvre les coulisses d'une saga familiale hors du commun, clashes compris. Celle qui sera surnommée «la veuve noire» raconte, tel un notaire, le pourquoi et le comment d'un testament, établi selon le droit américain, pour sauver les meubles d'une famille maintes fois triturée, démembrée. L'héritage stupéfiant déchire et déchirera, pour longtemps, l'image de celui qui fut «l'idole des jeunes». Mais comme le changement d'herbage réjouit les veaux, ce sont les jeunes-vieux qui auront assuré la promo posthume de celui qui est, en fait, au fond d'un trou. Leurs télés, radios, internet, commerces et réseaux sociaux sont là pour ça, et y aura pas de retard à l'allumage, dès qu'il s'agira de mettre en scène, de surjouer le souvenir d'une parabole cachant mal les cendres de la mort, les éclairs de vie.En revanche, la parabole de nos chers artistes disparus, tous genres confondus, n'a pas cherché à vendre une quelconque nostalgie. Bien réelle, elle n'a pas de prix entre ciel et terre. Et ça, on s'en rend compte avec l'âge, paraît-il?


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